Traveller

Les voyages du Conscience Tranquille : De Vanejen à Mora (1105)


Vanejen (1105)


Le voyage se déroule sans incident, et le 022-1105, le vaisseau quitte l'espace-saut pour se retrouver dans le système stellaire de Somem, où la première action de l'équipage, après s'être orienté, est de se diriger vers l'unique géante gazeuse pour y remplir les réservoirs en écumant l'atmosphère.

Somem est un monde gelé dépourvu d'atmosphère, qui n'abrite qu'environ deux mille habitants. Malgré tout, la planète est un lieu de "vente en gros" où de nombreuses cargaisons changent de propriétaire. Ceci explique que, malgré un spatioport pas très moderne, plusieurs vaisseaux soient déjà sur place lorsque le Conscience Tranquille se pose. Cela justifie aussi le nombre élevé d'entrepôts qui entourent le spatioport.

Les lieux sont plutôt lugubres : le sol de la planète, dépourvu de toute végétation, est d'un gris sale et terne, la couleur des bâtiments alentour est aussi peu riante, et les quelques silhouettes qui s'affairent sur le tarmac sont revêtues de combinaisons pressurisées grises elles aussi. À croire que la couleur n'existe pas sur ce caillou gelé...
Bref, après avoir passé une semaine à contempler le gris de leur bulle dans l'espace-saut, les personnages vont pouvoir contempler les tons gris de Somem. Une grisaille déprimante qui ne leur donne qu'une envie, celle de repartir sans tarder. Kyle, qui espérait pouvoir organiser une petite fête à l'escale pour redonner le moral à Al, est dépité.

Les quatre passagers cryogénisés débarquent. Mademoiselle Delrier descend pour se renseigner sur le passage du cirque Hédéra, mais elle laisse à bord ses bagages : à moins que ce qu'elle apprendra ne justifie un changement dans ses plans, elle compte rester à bord au moins jusqu'à Rorise (où elle espère bien retrouver son cirque).
La cargaison est prise en charge par ses différents destinataires. De plus, Al parvient à écouler auprès des autochtones un tonneau de tulapama, au prix de 4400 crédits. Pas un bénéfice terrible certes, mais un bénéfice quand même, et une performance d'autant plus remarquable que le marché local est des plus restreints.

Les personnages font leurs comptes :

  • Annonces envoyées depuis Vanejen : 480 Cr
  • Consommations diverses lors du saut :
  • Frais de stationnement sur Somem : 100 Cr pour les six premiers jours

  • Total dépenses : 7980 Cr
  • Fret : 40.000 Cr
  • Passagers en pseudo-première classe : 20.000 Cr
  • Passagers en deuxième classe : 8.000 Cr
  • Passagers en cryogénie : 4.000 Cr
  • Vente de tulapama : 4400 Cr

  • Total recettes : 82.400 Cr

    Bénéfice : 74.420 Cr

    Il reste à bord 9 tonneaux de tulapama, plus les 6 tonneaux de papiers convoyées vers Mora et pour lesquelles les personnages ne seront payés que là-bas ; et nos héros continuent à dégager d'outrageux bénéfices de leurs voyages... À vrai dire, ils n'ont jamais été dans une situation aussi rentable !

    Dame Sandra se connecte à nouveau au Service d'actualités des voyageurs, mais elle n'obtient rien de plus récent sur la situation dans la ligue d'Antarès.
    Cela n'est pas tellement étonnant : les nouvelles circulent bien quand elles viennent de mondes proches, ou de mondes importants ; mais quand il s'agit d'une guerre civile dans un coin reculé, il est difficile d'avoir des informations quand on se trouve dans un trou paumé à l'autre bout de l'Imperium... Il est possible que la base de données locale du Service d'actualités des voyageurs n'ait pas été mise à jour depuis un certain temps...

    Côté fret, il semblerait que la réputation de Somem comme étant un lieu où on trouve facilement de nombreuses cargaisons soit des plus surfaites ; même s'il est vrai que, si l'on considère la faible population locale, il y a plus de choses que ce à quoi on pourrait s'attendre.
    Pour remplir la soute, Al parvient néanmoins à dénicher les cargaisons suivantes, à convoyer jusqu'à Mora :

  • 14 tonneaux de conserves de légumes ;
  • 11 tonneaux de mémoires informatiques ;
  • 9 tonneaux de galène (un minerai de plomb) ;
  • 9 tonneaux de wolframite (un minerai de tungstène).

  • Un passager bien curieux


    Quant aux passagers, la situation est peu reluisante : personne n'est candidat au voyage vers Rorise (ce qui n'est pas très étonnant). Pour la cryo par contre, le plein est fait, avec quatre candidats au voyage (jusqu'à Mora), qui sont installés dans leurs sarcophages par Gam, qui contrairement à d'habitude ne bénéficie pas de l'aide d'Al, littéralement accaparé par le seul passager en cabine qui vient d'embarquer.
    Cet homme d'une cinquantaine d'années, brun aux cheveux grisonnants, plutôt d'allure "bureaucrate" (costume gris aussi terne que le reste de la planète, air triste, pas costaud mais avec un léger embonpoint), nommé Dryon Lammerca, est juriste de profession si l'on en croit ses papiers d'identité. C'est selon ses propres dires la première fois qu'il quitte Somem (il se rend en visite chez sa fille à Mora, voir son petit-fils qui vient de naître), et il est manifeste qu'il n'a aucune expérience de la vie à bord d'un vaisseau spatial, comme le montrent certains commentaires et questions qu'il fait à Al. Ce dernier a toutes les peines du monde à le convaincre que non, le Conscience Tranquille ne possède pas de chaloupe de sauvetage, et que oui, il a parfaitement le droit d'embarquer des passagers en dépit de l'absence d'embarcation de secours.

    À peine Al a t-il réussi à l'installer dans sa cabine et commence t-il à prendre congé afin d'aller remplir ses fonctions de copilote pour le décollage imminent, que Lammerca manifeste son étonnement qu'on le confine dans le secteur dévolu aux passagers, dans une cabine qui ne dispose même pas d'un hublot par lequel il puisse suivre le décollage ! Il demande (poliment, mais avec insistance) à pouvoir suivre les opérations depuis le poste de pilotage. "C'est bien le moins que l'on puisse me proposer, quand même !"
    Indépendamment du fait que ce n'est pas dans les habitudes de l'équipage, ledit poste de pilotage ne possède que deux sièges, les fauteuils du pilote et du copilote ; et Kyle et Al seront trop occupés, accaparés par le pilotage du vaisseau et la préparation du saut pour Rorise, pour jouer les guides touristiques auprès de Lammerca... ou simplement, pour l'empêcher de faire des bêtises.

    Kyle n'a d'ailleurs pas l'intention de laisser ce passager accéder au poste de pilotage, et s'apprête à le lui faire savoir vertement.


    Le casse-pieds de service


    Al s'évertue, s'escrime, s'époumone, pour tenter de faire comprendre à Dryon Lammerca qu'il ne lui sera pas possible d'assister aux manœuvres de décollage dans le poste de pilotage. Mais le passager semble particulièrement obtus et sûr de son bon droit. De la façon dont il s'exprime, on sent bien en lui l'homme de loi, habitué aux joutes verbales et capable d'... enquiquiner profondément son interlocuteur au moyen de points de loi obscurs.
    Lammerca explique ainsi à Al, références règlementaires à l'appui, que tout passager est en droit d'assister de visu aux opérations de décollage, soit à travers un hublot (d'un diamètre minimal de 47 cm), soit à travers une baie vitrée (dont les dimensions minimales sont fonction du nombre de personnes regardant à travers elle), soit directement depuis le poste de pilotage, où des accommodations doivent être prises pour faire asseoir ces "spectateurs" de façon confortable et où des commentaires explicatifs doivent leur être apportés.
    Bref, le gros homme n'en démord pas.

    Quant à Al, c'est bien la première fois qu'il est confronté à ces textes règlementaires, dont il ignorait totalement l'existence...
    D'ailleurs, aucun des personnages n'en avait entendu parler, n'ayant jusqu'à présent jamais eu la curiosité d'éplucher le Code Impérial de Navigation...

    Lammerca s'entête et campe sur ses positions, que nos héros ne sont guère en mesure de satisfaire : des baies vitrées, il n'y en a que dans le poste de pilotage et la cabine du capitaine ; celles qui se trouvaient dans le quartier des passagers ont été obturées par des volets fixes, afin de réduire les risques de dépression liés à la contemplation du gris de la bulle entourant le vaisseau pendant une longue semaine de saut. Et introduire un passager, qui plus est n'ayant aucune expérience des voyages spatiaux, dans le poste de pilotage, est délicat ; surtout quelqu'un d'aussi curieux que Lammerca...
    Hans pourrait sans doute adapter une caméra filmant le poste de pilotage et relayant l'image vers les consoles informatiques des passagers, mais cela lui demanderait un peu de temps, et il ne pourra pas le faire avant le saut, d'autant plus qu'il a autre chose à faire en préparation du saut que de s'occuper de résoudre les caprices d'un passager...

    Pendant qu'Al s'efforce de convaincre l'entêté passager qu'il ne lui sera pas possible, pour tout un tas de bonnes raisons (à commencer par le manque de place dans le poste de pilotage, et l'impossibilité dans laquelle Al sera de cumuler simultanément les fonctions de copilote et de guide touristique), Gam potasse fébrilement la règlementation sur la sécurité, à commencer par les prescriptions du Code Impérial de Navigation.
    Et elle a alors la surprise de constater que, si les articles invoqués bruyamment par Lammerca existent bien, en revanche ils ne s'appliquent qu'à certaines catégories de vaisseaux spatiaux, destinés au transport de passagers, et auxquelles le Conscience Tranquille, enregistré comme un vaisseau marchand, n'appartient pas.

    Forte de cet argument en béton, elle vient l'exposer à Lammerca, qui dans l'intervalle a mis la patience d'Al à rude épreuve, l'amenant à imaginer diverses solutions pour confiner le passager dans un endroit du vaisseau où il ne pourra pas constituer une nuisance.
    Brutalement décontenancé, Lammerca compulse frénétiquement son ordinateur personnel, mais doit se rendre à l'évidence : les bases juridiques sur lesquelles il s'appuyait avec ferveur pour briser le refus poli d'Al d'accéder à sa requête ne s'appliquent pas dans la situation présente.
    Le gros homme se déballonne alors et, d'une petite voix penaude, demande à Gam et Al :
    "Et... Vous ne pouvez vraiment pas me faire visiter le poste de pilotage, s'il vous plaît ?"

    N'aimant pas qu'on la prenne de haut et qu'on lui parle sur un ton comme celui précédemment employé par Lammerca, Gam estime pédagogique de refuser. Elle émet donc des réserves "pour des raisons de sécurité", puis se tourne vers Al pour lui laisser le dernier mot. Ce dernier accepte de faire visiter le passager une fois que le vaisseau sera entré dans l'espace-saut.

    Après avoir dû convaincre Lammerca que non, il n'est pas non plus possible de lui faire visiter la salle des machines avant le saut, car le chef mécanicien a beaucoup à faire en préparation du saut et qu'il ne faut pas qu'il ait quelqu'un dans les pattes pendant ce temps (grosse sueur froide pour Hans, qui n'a aucune envie de se retrouver en tête à tête dans son antre avec cet intrus ; mais ce n'est que partie remise, car une fois que le vaisseau aura sauté, il n'aura plus ce prétexte pour éloigner le passager curieux de ses chères machines et de l'intimité qu'il partage avec elles), et lui avoir trouvé un documentaire sur le sujet parmi les films en stock dans l'ordinateur de bord, pour l'occuper dans sa cabine en attendant, Al, Hans et Kyle gagnent leurs postes et s'affairent aux préparatifs du décollage.


    Le malade de l'espace


    Le Conscience Tranquille n'a pas quitté le sol de Somem depuis une minute que déjà, le signal d'appel de la cabine de Lammerca s'est déclenché. Al quitte rapidement son poste et se rend auprès du passager. Celui-ci, dans un état où se mêlent visiblement excitation et anxiété, lui demande si "Ce bruit bizarre, là, c'est inquiétant, non ? C'est quelque chose qui est en panne dans le réacteur, non ? Ah bon, c'est le bruit normal ? Vous croyez ? Ah bon, vous en êtes sûr ? Mais quand même, euh... Si jamais c'était un problème technique, vous devriez aller vérifier, non ? Hein ?"

    Devant un tel comportement, Al et Gam se demandent si l'encombrant passager est réellement naïf, ou s'il fait semblant, craignant d'avoir affaire à un pirate de l'espace, un déséquilibré ou un saboteur. Devant la perspective de devoir supporter un tel énergumène pendant deux semaines en huis-clos, Al aimerait même le droguer à son insu, si c'était réalisable.
    Suspicieuse, Gam essaie de se renseigner à son sujet. Une petite recherche sur le réseau informatique de Somem lui confirme que Dryon Lammerca travaille bien dans un cabinet d'huissiers, mais elle n'obtient rien d'autre d'intéressant.

    Al s'efforce de rassurer le gros homme quant au bruit qui l'a alarmé, et qui est une conséquence normale de la montée en puissance des moteurs du Conscience Tranquille en train de s'arracher à l'attraction de Somem. À force de persuasion, il parvient à lui faire comprendre qu'il est normal que, quand on voyage pour la première fois à bord d'un vaisseau spatial, on entende des bruits inhabituels, mais que l'équipage est attentif à tout ce qui sort de l'ordinaire, qu'il existe des systèmes de veille, de surveillance et d'alarme, et qu'en cas d'incident, les mesures appropriées seront mises en œuvre.

    En sortant de la cabine de Lammerca, Al croise Niata Delrier, sortie de sa cabine pour prendre une boisson au distributeur se trouvant dans la salle commune des passagers, qui lui adresse un clin d'œil et lui lance d'un ton goguenard, mais sans élever la voix, pour ne pas être entendue par quelqu'un d'autre :
    "Ça promet pour la suite du voyage, hein ? Vous allez être obligé de faire de la garderie... Joli poupon que vous vous êtes trouvé là !" (en faisant avec ses deux bras le geste d'avoir un gros ventre... il faut dire qu'entre la filiforme demoiselle et le gros Lammerca, le contraste est plutôt saisissant).

    Al regagne son poste et commence à lancer les calculs préparatoires pour la détermination du vecteur de saut, quand le signal d'appel de la cabine de Lammerca se déclenche une nouvelle fois.
    Plutôt agacé, Al s'arrache à son siège et remonte en vitesse sur le pont supérieur, pour y trouver un Lammerca pâle comme un linge : "Dites, j'ai mangé juste avant de monter à bord... Je ne risque pas d'être malade au moment du saut ? Est ce que j'aurais dû manger plus tôt ? Comment sait on qu'on souffre de la maladie du saut ? Si je suis malade, vous pourrez me soigner à bord ? Je serai malade pendant tout le voyage ?"
    Le bonhomme est visiblement en pleine crise d'angoisse...

    Gam saute sur l'occasion et, en tant que médecin du bord, fait mine de prendre son malaise très au sérieux, afin de pouvoir en profiter pour lui injecter un tranquillisant.
    "Il y a un vrai risque d'être malade tout le temps, un peu comme quand on part longtemps sur un bateau pour la première fois, on vomit pendant un mois. Heureusement, ça n'arrive plus, nous avons des médicaments efficaces."
    Elle fait un véritable numéro à Dryon Lammerca, avec examen clinique assez poussé au moyen du senseur médical et tout le bataclan, tout en lui servant un discours légèrement alarmant tout en paraissant rassurant, truffé de termes médicaux de plus de trois syllabes, afin qu'il stresse encore plus tout en comprenant que son interlocutrice a du métier.
    Après l'avoir fait allonger sur la couchette de sa cabine et l'avoir ausculté longuement en faisant "hmm hmm" et en grommelant à mi-voix de façon incompréhensible pour le patient, elle lui déclare qu'afin d'éviter le syndrome saltatoire, elle peut lui injecter un traitement préventif, tout en le prévenant que ce dernier peut avoir des effets secondaires bénins, tels que somnolence. Elle en profite pour lui faire signer une décharge, "car comme c'est la première fois que vous prenez l'espace, on ne peut pas savoir comment votre organisme va réagir, et vous ne voudriez pas qu'en cas de choc saltatoire engageant le pronostic vital, je ne puisse pas vous administrer les soins d'urgence nécessaires à cause d'une bête histoire de papier non rempli..."
    Pâle comme un linge, Lammerca acquiesce d'une toute petite voix et appose sa signature électronique sur le formulaire que Gam affiche sur le terminal informatique de la cabine.
    Avec un petit sourire en coin, Gam ajoute : "Ne vous inquiétez pas, monsieur Lammerca... Tout va bien se passer, vous allez voir. Vous n'avez jamais eu d'allergie à un médicament ?"
    Et c'est avec le plaisir quelque peu sadique de voir son patient s'effondrer encore plus bas sur le plan du moral que Gam procède délicatement à l'injection d'une bonne dose de sédatif dans l'épaule du passager.
    "Allongez vous et détendez vous, essayez de vous relaxer... Je repasserai dans un petit moment pour voir si tout va bien. Ne vous inquiétez pas..."

    Gam sort de la cabine de Lammerca. Avec la dose qu'il a reçue, le bonhomme devrait s'effondrer dans les cinq minutes et dormir au moins vingt-quatre heures, voire plus, car le sédatif ayant une affinité particulière pour le tissu adipeux, tissu dont Lammerca est plutôt bien pourvu, va être stocké dans les graisses de son organisme et sera relargué lentement, plus lentement que chez un individu moins gras. Avec un peu de chances, il va roupiller pendant quarante-huit heures.
    Le seul problème est qu'en se réveillant, il aura une faim de loup.
    Mais en tous cas, ça laisse aux personnages un bon moment de répit pour mettre au point la façon dont ils vont le gérer par la suite, sachant que le maintenir sous sédation pendant une longue durée ne sera pas possible techniquement :

    Quelques heures plus tard, le Conscience Tranquille entre dans l'espace-saut, en direction de Rorise.

    Ce n'est qu'au bout de près de quarante-huit heures que Dryon Lammerca émerge du sommeil dans lequel l'a plongé l'injection administrée par Gam ; l'homme est dans un état plutôt pâteux, qui le rend relativement facile à gérer.
    En s'aidant d'une nourriture particulièrement relevée par les épices d'Al pour dissimuler le goût inhabituel du médicament, Gam parvient à le maintenir, sinon dans l'état d'hébétude dont il est progressivement sorti, du moins dans un état plus calme que ce à quoi il avait habitué l'équipage au départ.
    Dans cet état, Lammerca se révèle un passager charmant, bien qu'intarissable et plutôt pot de colle. Au bout de quelques heures, toutes les personnes qui sont passées à sa portée (c'est-à-dire tout le monde à bord, sauf Hans qui s'abrite dans sa salle des machines) ont eu droit à l'album photo familial commenté et savent tout de sa fille unique (qui travaille dans la finance et vient d'accoucher d'un petit garçon, raison pour laquelle le nouveau grand-père fait le voyage vers Mora).

    Comme Al le lui avait promis, il lui fait visiter le poste de pilotage, qui pendant le saut n'est pas le siège d'une activité très intense. Le passager est enthousiasmé par cette visite commentée, et ne tarit pas d'éloges sur la qualité du service assuré à bord. Et, pendant que mademoiselle Delrier demande à Al s'il pourrait à son tour s'occuper un peu d'elle comme il le fait pour Lammerca et lui faire visiter aussi le poste de pilotage, ce dernier reformule ingénument une demande qu'il avait déjà faite bien avant que Gam ne le mette sous sédation : visiter la salle des machines... le repaire de Hans, son refuge face à tous ces envahissants et volubiles passagers. Ses coéquipiers cherchent donc à éviter de les mettre tous les deux en présence.
    Profitant de l'absence de Hans, attiré à contrecœur hors de son antre par Gam sous un prétexte médical (et qui a avant de quitter les lieux mis sous clé le plus de choses possibles afin qu'elles ne soient pas dérangées par un visiteur indélicat), Al, qui s'y connaît suffisamment pour pouvoir relayer Hans temporairement en cas de souci technique, fait faire à Dryon Lammerca une petite visite de la salle des machines, tout en le surveillant attentivement.
    Le gros homme est enchanté et rayonnant, et assaille son guide de questions, questions qui confirment bien qu'il ne connaît pas grand-chose au sujet : il suffit à Al d'employer quelques termes techniques pour à la fois combler d'aise le visiteur et le noyer dans des détails qu'il est bien incapable de suivre. Quant aux quelques fois où il a paru proche de toucher quelque chose, il a suffit d'un avertissement sur les dangers encourus pour l'empêcher d'entrer en contact avec les précieuses machines de Hans.

    Bien entendu, Lammerca n'en reste pas là ; et si, ayant visité le poste de pilotage et la salle des machines, il ne cherche plus à explorer les entrailles du vaisseau, il perd rarement une occasion de coincer Al pour lui demander des précisions sur tel ou tel aspect de la vie à bord. Bref, bien que ses papiers d'identité indiquent qu'il est âgé de 52 ans, on pourrait croire avoir affaire à un gamin d'une dizaine d'années, fasciné par l'espace et les vaisseaux.
    Il n'y a pas qu'à l'équipage que cette situation a sauté aux yeux : ainsi, mademoiselle Delrier ne perd pas une occasion d'envoyer des vannes à ce sujet à Al, qualifiant Lammerca de "boy-scout de l'espace". Plus sérieusement, elle réitère également sa demande pour visiter elle aussi le poste de pilotage, arguant qu'il n'y a pas de raison que Lammerca bénéficie d'un traitement de faveur à ce sujet.


    Enfin la civilisation !


    Au bout d'une semaine dans l'espace-saut, le Conscience Tranquille émerge dans le système de Rorise. La seule planète habitée du système n'héberge qu'une base scientifique peuplée d'une cinquantaine d'habitants, Vulcania.

    N'ayant rien de particulier à faire sur Rorise elle-même, les personnages se contentent de contacter la station scientifique par radio, tout en refaisant le plein d'hydrogène dans l'atmosphère de l'une des deux géantes gazeuses du système. Rien ne justifiant un détour par Vulcania, le cirque Hédéra étant parti trois jours avant l'arrivée du Conscience Tranquille, et la version locale de la BDDI n'ayant pas d'informations plus récentes que ce que nos héros savent déjà sur la guerre civile qui fait rage dans la Ligue d'Antarès, ceux-ci ne perdent pas plus de temps dans le système et, tandis que Gam se rend auprès de Lammerca pour lui injecter le traitement préventif du syndrome saltatoire, c'est-à-dire le mettre sous sédation pour un ou deux jours, le reste de l'équipage du Conscience Tranquille prépare et engage le saut suivant, celui qui les amènera à Mora, la capitale des Marches Directes.

    Une nouvelle fois, le Conscience Tranquille passe dans l'espace-saut. La semaine se passe sans incident notable, mais il est manifeste que, plus l'arrivée sur Mora se rapproche, plus les passagers semblent excités : Lammerca va revoir sa fille et voir son petit-fils, Niata Delrier devrait rejoindre son cirque, et Dame Sandra, qui a fait ses études sur Mora, compte profiter de l'escale pour revoir quelques amis et connaissances. Même Wallace Dougal a l'air content d'arriver à la capitale.

    D'ailleurs, les personnages eux-mêmes ne sont pas indifférents à cette prochaine escale : si Gam est loin d'être ravie, et souhaite que l'on trouve un coin peu peuplé pour l'y laisser le temps du séjour, Al a l'espoir d'obtenir des informations sur la situation dans la Ligue d'Antarès. Mais le plus impatient est sans doute Hans, qui ronge son frein depuis plusieurs semaines en attendant de pouvoir se procurer les pièces dont il a besoin pour un bricolage de sa conception sur les commandes de l'aéromobile.

    Enfin le grand jour arrive, et le 039-1105, le Conscience Tranquille émerge de l'espace-saut pour se retrouver dans le système de Mora.


    Mora (1105)


    Me contacter | Retour à la page d'accueil | Retour à la page jeux de rôle | Retour à la page aides de jeu | Retour à la page aides de jeu Traveller | Retour aux voyages du Conscience Tranquille