Les voyages du Conscience Tranquille : Mora (1105)
Presque par instinct, les personnages se dirigent tout d'abord vers l'une des deux géantes gazeuses que comporte le système, pour y refaire le plein des réservoirs en écumant son atmosphère. Cette opération terminée, ils mettent le cap sur la planète principale, accostent quelques heures plus tard au spatioport orbital et, après quelques formalités administratives, sont autorisés à descendre se poser à la surface de la planète, pour y débarquer passagers et cargaison.
Mora, capitale des Marches Directes
Le Conscience Tranquille se pose sans encombre sur le spatioport de Port Ziar, à la surface de Mora.
Depuis leur arrivée dans le système stellaire, les personnages réalisent bien qu'ils ne sont plus dans un coin de seconde zone, paumé au milieu de nulle part : l'intensité du trafic, celle des télécommunications, les nombreux satellites artificiels en orbite autour des planètes et lunes, tout ceci et bien d'autres signes prouve que Mora est une planète importante (même si de telles considérations arracheraient peut-être un sourire dédaigneux à des gens originaires du c½ur de l'Imperium).
Entre le déchargement de la cargaison et le temps nécessaire pour en trouver une autre et la faire monter à bord, le Conscience Tranquille restera facilement cinq ou six jours sur place. Les personnages ne sont pas spécialement pressés par le temps, mais comme ils souhaitent s'entraîner un peu sur Tivid avant d'attaquer les choses sérieuses, il convient de ne pas trop traîner en route non plus. Kyle propose de fixer la durée du départ au 047-1105.
Niata Delrier et Dryon Lammerca débarquent, après avoir abondamment remercié l'équipage pour la qualité de leur séjour à bord. Lammerca en particulier ne tarit pas d'éloges sur la disponibilité de nos héros, et les assure qu'il les recommandera à tous ses amis ! Il écrase presque une larme en leur serrant chaleureusement la main...
La première chose que fait Al est prendre des nouvelles de la situation dans la Ligue d'Antarès. Bien entendu, les nouvelles les plus fraîches remontent à plusieurs mois. Elles restent assez floues, faisant état de combats sur plusieurs mondes, dont Alnimes (qui n'est cependant pas celui où ils semblent être les plus violents).
Les forces militaires antaréennes ont annoncé qu'elles avaient découvert des éléments prouvant que Foudre Noire avait comploté avec des élus du Conseil de la Ligue originaires d'Ansenz (la capitale de la Ligue d'Antarès) pour prendre le contrôle du Conseil.
La loi martiale a été déclarée au nom du Conseil par les amiraux commandant les forces militaires antaréennes, le Conseil a été dissous et remplacé par un gouverneur militaire, et ses membres ont été emprisonnés.
Bref, la situation reste délicate à saisir, et Al n'obtient pas d'informations précises sur ce qui se passe à Alnimes.
Tel un gamin chez le marchand de jouets, Hans est impatient de faire ses emplettes soigneusement préparées dans les magasins de haute technologie (qui ne manquent pas sur Mora).
Dame Sandra propose à Gam de l'emmener faire de la plongée sous-marine dans un endroit désert (et avec l'inévitable présence de Wallace Dougal), mais elle souhaite tout d'abord profiter de ce qu'elle se trouve sur Mora pour contacter quelques-unes de ses connaissances, et ne sera disposée à l'emmener que le 040. Gam accepte en la remerciant chaleureusement, et se réfugie dans sa cabine en attendant.
Kyle compte rester le plus possible près du Conscience Tranquille, pour superviser les mouvements de cargaison. Il fait partir des messages annonçant leur venue prochaine dans les systèmes prévus sur la suite de l'itinéraire.
Toutefois, il compte également profiter de la civilisation pour se détendre un peu dans les coins branchés de la capitale, assister si possible à des manifestations culturelles, et se renseigne sur les possibilités de pratiquer un sport à hautes bouffées d'adrénaline, le slalom exosphérique. C'est cher, c'est dangereux, il n'en a aucune expérience, mais... c'est typiquement le genre de trucs qui lui plairait ! Hélas, le prix prohibitif demandé pour un saut d'initiation (au moins 12.000 crédits le saut (avec l'assurance, le moniteur, le matériel (dont une partie n'est pas réutilisable), le vol jusqu'à l'orbite...), sachant qu'en tant que grand débutant, ça consistera simplement à être largué avec un moniteur (parachutes séparés), à contourner une ou deux balises et à arriver au sol) excède de beaucoup ses finances personnelles et le dissuade de passer à l'acte.
Frustré, il se renseigne sur le prix de la partie réutilisable du matériel (c'est-à-dire la combinaison et le parachute), mais pour du neuf, on commence aux alentours de 3000 crédits et le prix peut monter bien plus haut selon la qualité. Cette somme dépassant toujours le budget du capitaine, Kyle et Hans envisagent d'essayer de fabriquer eux-mêmes le matériel, à l'occasion.
Les personnages font leurs comptes : depuis Somem, les recettes s'élèvent à 184.000 Cr, les dépenses à 18.000 Cr, ce qui fait donc un bénéfice net de 166.000 Cr ; le budget est désormais excédentaire de 459.046 Cr. L'essentiel de cette somme est dû au bon coup réalisé avec le tulapama, dont il reste encore neuf tonneaux en soute.
Une semaine sur Mora
Après avoir passé plusieurs communications, Dame Sandra quitte le Conscience Tranquille, habillée de façon nettement plus classe que le style "décontracté et confortable, mais chic, coûteux et de bon goût" qu'elle avait jusqu'à présent toujours arboré en présence des personnages (y compris lorsqu'elle les avait reçus dans sa résidence sur Belizo). Il est évident à sa prestance, à son allure, que c'est une femme du monde, et que les vêtements et bijoux qu'elle porte ce soir sont en quelque sorte naturels pour elle.
Ce changement reste cependant superficiel, puisque c'est avec la même simplicité qu'elle affiche dans ses rapports quotidiens avec nos héros qu'elle prend congé d'eux pour la soirée.
Wallace Dougal, qui l'accompagne bien évidemment, est toujours aussi sobre dans son allure, mais son costume semble plus coûteux qu'à l'accoutumée, et sa démarche s'est elle aussi dignifiée (non qu'il soit spécialement relâché en temps normal, mais pour le côtoyer en huis clos depuis quelques semaines, les personnages savent fort bien qu'il est humain...).
Un petit aéroglisseur de marque est venu les attendre au pied de l'échelle de coupée du Conscience Tranquille, avec un larbin qui descend pour leur ouvrir la portière arrière du véhicule, et les deux derniers passagers du bord s'éloignent à leur tour.
La cargaison ayant été prise en charge par ses destinataires, Al et Kyle se mettent au travail pour amortir la suite du voyage.
Après s'être occupé de refaire les stocks de nourriture du bord, Al se met à la tâche pour vider la soute des neuf tonneaux de tulapama qui y restent. Après avoir démarché divers acheteurs potentiels, il parvient à les vendre pour la coquette somme de 187.200 crédits. Il faut dire que, vue la rareté de la marchandise en question, il n'a pas eu de mal à trouver acquéreur !
Parmi les multiples frets à transporter vers Fornice, les personnages acceptent de prendre en charge :
Toutes ces choses seront chargées à bord dans le courant de la semaine.
Pour ce qui est des passagers, une quinzaine de personnes demandent à embarquer en cabine à destination de Fornice, et il y a vingt-sept postulants pour la cryo ! ! ! Évidemment, Mora comme Fornice étant très peuplées, cette affluence est compréhensible.
D'ailleurs, le spatioport fourmille littéralement de gens qui circulent dans tous les sens, le plus souvent à pied ou en aéroglisseur, de véhicules tirant de véritables trains de conteneurs, etc...
Hans s'affaire à acheter des composants informatiques et électroniques, en passant le plus souvent possible par l'intermédiaire du réseau informatique planétaire qui lui évite d'avoir à rencontrer les gens en face. Il s'en tire avec une facture de l'ordre de 10.000 crédits sur la caisse commune du Conscience Tranquille.
La maintenance annuelle du vaisseau ayant été faite fin 1104, il n'y a que des bricoles de routine à faire sur le Conscience Tranquille, ce qui permet à Hans de se lancer aussitôt dans des bidouilllages électroniques, dont il ne sort que pour prendre ses repas et picoler avec Al (qui a finalement préféré passer l'essentiel de son temps à bord) dans la salle des machines.
Le 040-1105, un aérotaxi confortable vient prendre Dame Sandra, Wallace Dougal et Gam, et les emmène jusqu'à un terrain d'aviation proche où ils prennent place à bord d'un aérojet (antigrav) rapide de location, dont Dougal prend les commandes. Après un trajet de quelques heures (l'appareil volant probablement autour de mille km/h), ils atteignent une petite île couverte de jungle, et entourée par une mer aux tons bleu-violet, avec une plage de sable sur laquelle se pose Dougal. L'île mesure à vue de nez une demi-douzaine de kilomètres de diamètre, et fait partie d'un archipel dont la plus proche île est à une bonne trentaine de kilomètres.
"C'est une propriété privée qui appartient à des amis de papa" explique Dame Sandra à Gam, pendant que Dougal décharge les bagages et un petit canot pneumatique à moteur. Il porte les bagages dans un petit bungalow situé en bordure de plage, au milieu des arbres, doté de l'électricité grâce à un petit générateur situé à l'arrière du bâtiment. Il y a trois chambres, un salon, une petite cuisine, une salle de bains avec l'eau courante (pompée dans la mer et dessalée), le tout confortablement meublé mais décoré dans un style un peu trop chargé au goût de Gam. Les propriétaires ont visiblement de l'argent et le montrent.
Le 041 au soir, le vaisseau reçoit un appel de Niata Delrier, qui informe les personnages qu'elle a enfin réussi à retrouver son cirque, et les remercie encore une fois pour les bons moments passés à bord.
Le 042 au matin, la capitainerie du port annonce qu'un colis a été déposé à leur intention : Kyle se rend le chercher et, ô surprise, c'est une boîte de dragées multicolores, venant d'une confiserie réputée de Mora, accompagnée d'une holo du petit-fils de Dryon Lammerca et d'un petit mot fort bien tourné et plein d'émotion où l'encombrant passager les remercie lui aussi encore une fois pour le merveilleux voyage qu'il a fait à bord, et toutes les attentions qu'ils ont bien voulu lui prodiguer.
Le 043 dans la soirée, deux jeunes gens à peine sortis de l'adolescence, minces, peu épais, plutôt pâles et à l'épaisse tignasse bouclée (un très blond, un très noir (de chevelure)), se rendent au vaisseau. Ils expliquent à Al qu'ils ont appris que des hologrammes publicitaires à l'effigie des musiciens de Hot'n'Spicy venaient d'être chargés à bord du Conscience, et souhaitent en acheter un ou deux. La cargaison n'appartient pas aux personnages, mais les ennuis que cela risque de leur occasionner avec leur commanditaire ne perturbent pas le moins du monde les deux jeunes (visiblement des fans, en tous cas des caricatures de fans de ce genre de groupes), qui sont disposés à offrir une coquette somme en échange de ce qu'ils demandent avec insistance.
Al tente de savoir quel prix ils sont prêts à payer, mais les fans ne lui annoncent pas de somme précise. Ils sont visiblement prêts à y mettre de l'argent en quantité déraisonnable. Al les congédie en leur disant de "repasser demain" (prudemment, il précise "en fin d'après-midi", de peur qu'il ne les retrouve à faire le pied de grue devant le sas à son réveil). Après leur départ, craignant une tentative d'effraction, il s'assure que les issues du vaisseau sont correctement verrouillées.
Le 044, Al appelle la société MHM (qui assure l'organisation des concerts de Hot'n'Spicy et la distribution de leur musique) qui lui a confié les hologrammes (des objets gros comme un fût de gasoil en raison du poids mort qui évite qu'ils ne s'envolent ou qu'ils soient aisément volés, et qui peuvent émettre un hologramme pouvant mesurer jusqu'à dix mètres de hauteur ; chaque appareil n'émet l'image que d'un seul membre du groupe), pour tenter d'en négocier quelques exemplaires à vil prix, dans l'intention de les revendre aux deux jeunes fans. Après avoir été balancé de grouillot en grouillot, il finit par obtenir la personne avec qui il a négocié le contrat.
Celle-ci, un moustachu de 35 / 40 ans, légèrement corpulent, aux cheveux bruns en brosse et qui aura probablement une belle auréole sous chacune de ses aisselles à l'issue de sa journée de bureau, parait plutôt à cran, et l'envoie presque balader en lui expliquant que les projecteurs ne sont pas à vendre, qu'on le paie pour convoyer le matériel, et que s'il en veut pour lui, il n'a qu'à s'adresser à la boutique du groupe (groupe de musiciens, sous-entendu).
L'équipage du Conscience Tranquille ayant jusqu'à présent considéré que l'assurance pour le transport constituait des frais supplémentaires qu'il pouvait difficilement se
permettre d'engager, n'en a pas contracté, et ne peut donc même pas recourir à une escroquerie à l'assurance, une possibilité fugitivement envisagée par Al, mais qui se serait de toutes façons avérée un jeu plutôt risqué, avec une procédure en justice longue, pénible
et coûteuse.
Al explique donc poliment aux fans qu'il ne va pas être possible de leur vendre des holos.
Les deux jeunes sont visiblement extrêmement déçus, mais après avoir insisté, ils réalisent que leur interlocuteur n'a pas l'intention de rentrer dans leur petit jeu et
finissent par repartir en maugréant et en prononçant quelques paroles pas très polies.
Contrairement aux craintes de Kyle, rien n'est ensuite tenté contre le vaisseau.
Tout ceci incite le capitaine à s'intéresser à Hot'n'Spicy. Persuadé que leur musique n'est pas à son goût, il tente d'assister à un concert pour se faire une idée, mais pour le reste du séjour sur Mora, il ne reste plus une place disponible par les canaux de vente normaux.
Pendant ce temps, Gam profite des quelques jours passés en la seule compagnie des deux hôtes de marque du Conscience Tranquille pour discuter de toute et de rien avec l'un comme avec l'autre.
Wallace Dougal reste assez réservé, mais il ne fuit pas la discussion. C'est simplement le genre d'individus qui ne sait pas poser de questions aux gens, et Gam doit mener elle-même les conversations. Il se révèle relativement cultivé, sensible / sensé et intelligent. De ce qu'elle peut apprendre sur lui, sa mère était chevalière, mais le titre n'était pas héréditaire et elle ne l'a donc pas transmis à ses enfants, qui sont donc de simples roturiers. Son père était officier dans la Stellaire, et l'éducation reçue à la maison n'est sans doute pas étrangère à son maintien strict. Il a fait des études d'archéologie, passé quatre ans dans le SIEI, puis est devenu le garde du corps de Dame Sandra il y a presque vingt ans (elle en avait alors dix ou onze). Il se révèle aussi un bon joueur d'échecs.
Dame Sandra a l'air d'apprécier de discuter avec Gam. Comme à bord du Conscience Tranquille, elle reste simple et naturelle, et il n'y a pas entre les deux femmes de barrière sociale.
L'intérêt de ce petit séjour sportif était aussi pour Gam de voir comment les deux passagers se comportaient dans l'effort physique en milieu potentiellement dangereux. Ils lui font tous les deux bonne impression, sur tous les plans. Dame Sandra est peut-être un peu intrépide parfois, mais Gam est assez épatée par sa condition physique, et il est certain qu'elle a l'habitude de la plongée, et de la chasse sous-marine. De fait, Gam, qui plonge elle-même plutôt bien, est convaincue que la Dame est meilleure qu'elle ; heureusement, notre amie grimpe nettement mieux qu'elle ne plonge, donc sur les pentes de l'Anekthor, ce devrait bien être elle la patronne...
À un moment, Wallace Dougal confie à Gam qu'il n'apprécie personnellement que très moyennement tous ces sports extrêmes, et qu'il ne s'y plie qu'à cause de ses responsabilités envers Dame Sandra (il n'a peut-être aucun goût pour ce genre d'activités, mais avec une arbalète sous-marine en main, il se révèle un excellent tireur, dont les prises constituent plus d'une fois le plat principal de leur repas).
Le séjour de Gam est très agréable, le temps est superbe, la mer est calme et tiède et la faune sous-marine recèle des beautés magnifiques.
Alors qu'elles bavardent toutes les deux après une plongée, Dame Sandra tutoie Gam par mégarde, mais se reprend aussitôt en lui disant vous et en ajoutant "Je vous prie de m'excuser".
C'est une Gam bronzée qui revient à bord du Conscience Tranquille le 047.
Départ pour Fornice
Les personnages sont à nouveau réunis à bord du Conscience Tranquille, où ils s'affairent à réaliser les derniers préparatifs avant le départ pour Fornice.
En furetant sur le réseau pendant une période de creux, Gam et Al tombent sur le blog d'un(e) certain(e) Hadaly, qui consacre un article enflammé à la situation dans la ligue d'Antarès, critiquant l'inertie et l'irresponsabilité des autorités, ainsi que le désintérêt de l'opinion publique. Ce blog est apparemment tenu par quelqu'un qui n'est pas originaire de là-bas, ce qui tranche avec la plupart des sites consacrés au sujet, qui sont généralement le fait d'expatriés.
Al tente d'entrer en contact avec cette personne pour essayer d'avoir plus d'informations sur la situation, et Hadaly lui répond qu'elle (car c'est une femme, ou quelqu'un qui se fait passer pour telle via l'anonymat procuré par un réseau informatique) n'a malheureusement aucune information qu'il n'a pas déjà, qu'elle est une simple sympathisante et que, d'ailleurs, il a toute sa sympathie.
Les nouveaux passagers arrivent à bord. Il y en a quatre pour la cryo, et quatre autres en cabine auprès desquels Al s'empresse comme à son habitude.
Ces quatre passagers sont :
À noter que parmi les candidats au voyage refusés faute de place à bord, figuraient deux Vargr et un Aslan. Si l'Aslan n'aurait pas posé de problèmes particuliers aux personnages, embarquer un Vargr les inquiéterait, et ils s'accordent pour systématiquement refuser de tels passagers à l'avenir.
Les passagers installés et les formalités de départ réglées, le Conscience Tranquille reçoit l'autorisation de quitter Mora. Le vaisseau s'élève dans les airs, suivant soigneusement l'itinéraire qui lui a été attribué par le contrôle aérien (sage précaution, vue la densité du trafic atmosphérique au niveau du spatioport), atteint sans encombre l'orbite, et s'éloigne de la planète en direction du système de Fornice. Plusieurs heures plus tard, il pénètre dans l'espace-saut.