Traveller

Les voyages du Conscience Tranquille : Tivid (1105)


Duale (1105)


C'est finalement dans ce qui, pour leurs horloges biologiques, est "tard dans la nuit", que les personnages reprennent l'espace, après avoir tenté de sommeiller un peu pour passer le temps. Ils ont réussi à rester moins de vingt-quatre heures sur place, une performance pas si facile que ça à réaliser. Le Conscience Tranquille s'éloigne au plus vite de Duale et, dès que possible, saute en direction de Tivid. Il est le 077-1105 et tous à bord ont envie d'aller dormir.

Pendant ce dernier saut avant Tivid et l'Anekthor, Kyle se repose et dort beaucoup pour être en forme. Sa jambe blessée semble avoir à peu près récupéré. Sur les conseils de Gam, il continue à pratiquer des exercices de rééducation bien précis, afin de compenser la période où il est resté sans beaucoup utiliser sa patte folle. Bien entendu, il sent qu'il n'est pas encore à 100 % de ses moyens, mais pour cela il faudra de toutes façons plusieurs mois sans doute... Toutefois, cela ne devrait guère le gêner, à moins d'exercer sur les muscles qui ont été blessés un effort particulièrement intense, ce qu'il va essayer d'éviter.
Il parle un peu montagne avec Eric Jens. Ce dernier lui apparait comme compétent en la matière, et la discussion devient vite technique. Les deux hommes ont quelques divergences de points de vue en ce qui concerne le matériel : Kyle est plutôt porté à employer le genre d'équipements en usage dans le SIEI, alors que Jens est parfois plus familier d'autres équipements ; en particulier, le dispositif d'assurage qu'il utilise personnellement n'est pas le même que celui que les personnages emploient. Du coup, le débat part dans des considérations techniques pointues sur les avantages et inconvénients comparés de tel et tel modèle...

Gam soigne elle aussi sa condition physique. Elle a fait installer temporairement dans un coin du vaisseau des appareils bricolés par Hans avec des poulies, des cordes et des poids (servant en particulier à Kyle pour sa rééducation). Mais faute de place, ces appareils ne peuvent rester installés à demeure : il faut les sortir et les ranger plus ou moins souvent.
Sur le pont inférieur, où sont installés ces appareils, Hans a légèrement augmenté la gravité (réglée par un maillage qui se trouve dans l'épaisseur des ponts et pouvant donc varier selon les zones, en général par pièce ou ensemble de pièces) de quelques pourcents. Une augmentation généralisée sur l'ensemble du pont a été jugée préférable à une augmentation sur la seule zone des appareils, car les différences de gravité sur un même pont risquent de faire trébucher, voire tomber, et éventuellement se blesser, les personnes passant d'une zone à l'autre.

Gam regarde également si, malgré les apparences, son régime a eu de l'effet sur Hans, mais ne remarque pas d'amélioration notable de sa courbe de poids, ni de diminution des masses graisseuses au profit des masses musculaires. Elle se console quelque peu en se disant que disposer avant une ascension comme celle qu'ils vont tenter d'une réserve de graisse, constituée au besoin en suivant un régime hypercalorique, est plutôt une bonne idée, et que les séances de gymnastique qu'elle impose à son patient tous les matins entraînent son organisme à mobiliser lesdites réserves, ce qui ne pourra que se révéler utile une fois en altitude.

Hans peaufine l'entretien des machines du Conscience Tranquille, mais aussi celui de l'aéromobile, ce qui l'occupe pendant une bonne partie du saut.

Comme "pour une fois on a l'air d'avoir que des gens sympas à bord" (dixit Kyle), Al organise une petite sauterie, conformément aux souhaits du capitaine.


Vous avez l'air Tivid


Le saut se déroule sans accroc, et le 084-1105 (soit six jours avant le début de l'ascension), le Conscience Tranquille émerge dans le système de Tivid.

Avant de mettre le cap sur Tivid, les personnages prennent le soin, comme à leur habitude lorsque cela est possible, de ravitailler en hydrogène en écumant l'atmosphère de la géante gazeuse. Une fois les réservoirs remplis, ils rejoignent Tivid, afin d'y débarquer dans un premier temps passagers et cargaison, avant de se préparer à la fameuse ascension, objet de leur venue sur place.

Abordant l'orbite, puis descendant vers le spatioport, ils ne peuvent se retenir de chercher à apercevoir le pic inviolé à l'assaut duquel ils vont se lancer dans quelques jours. Le relief de Tivid est particulièrement montagneux, mais le massif dans lequel se trouve l'Anekthor est facile à repérer quand on sait où chercher, à 500 km à l'ouest-sud-ouest du spatioport environ. Les trois sommets sont couverts de neige, et les personnages ne distinguent en fait pas grand chose qui puisse leur servir à préparer leur ascension ; mais une chose est certaine, c'est qu'il s'agit effectivement d'un beau morceau.

Tivid est une planète balkanisée, dont les quarante mille habitants (environ) sont pour la plupart concentrés dans deux zones indépendantes, toutes les deux situées à quelques dizaines de kilomètres de distance sur la côte d'un même continent. La plus peuplée, Collinsville, située sur l'équateur planétaire, a grandi autour de l'unique spatioport aménagé (de classe C, dépourvu de spatioport orbital), et vit principalement de son agriculture. Très étendue par rapport à sa population (environ 25.000 personnes), elle a, dès que l'on s'éloigne des alentours du spatioport où se concentrent bâtiments officiels, entrepôts, et services et commerces d'intérêt pour les voyageurs de passage, et du (petit) port maritime, l'aspect d'une multitude de petites fermes entourées de cultures vivrières, de prés et de quelques bosquets d'arbres, distantes les unes des autres de quelques centaines de mètres au maximum.
Nevislaren, l'autre ville digne de ce nom, est située au nord-est à vol d'oiseau, de l'autre côté de la même baie ; mais pour aller d'une ville à l'autre, il faut suivre une route côtière partant d'abord au sud, sur environ 150 km. Les dix mille habitants de Nevislaren vivent principalement de la pêche et de l'exploitation des ressources océaniques (algues, plancton, etc...). La ville, tournée vers la mer et étendue le long du littoral d'un cap marquant l'extrémité est de la baie, a été fondée par des "dissidents" et revendique fièrement son indépendance vis-à-vis de Collinsville, mais cela n'empêche pas les deux cités d'entretenir d'excellentes relations.
Outre ces deux villes, il y a quelques implantations indépendantes éparpillées sur la planète, la plupart ne dépassant pas la taille d'un hameau.

Comme Kyle suit les instructions d'approche de la tour de contrôle de Collinsville, il n'a pas le loisir de se détourner pour survoler l'Anekthor.
Le Conscience Tranquille se pose sur le tarmac du spatioport, où se trouvent actuellement une demi-douzaine d'autres appareils, pour la plupart de petits vaisseaux commerciaux, sauf pour deux yachts de plaisance d'environ cent tonneaux, bien petits à côté d'un massif Marava quatre fois plus gros, mais nettement plus élégants... Sans doute les deux autres concurrents sont ils déjà arrivés.

Une fois les formalités administratives expédiées, les trois universitaires peuvent débarquer, après avoir chaleureusement remercié les personnages pour le voyage, et ces derniers se mettent à décharger leurs cargaisons. Ils commencent assez vite à transpirer, car la température extérieure est d'environ 30 °C.

Nous sommes le 086-1105 en milieu d'après-midi local (il est 15h00 heure standard), l'ascension doit commencer du Plateau du Jura le 090 à 7 heures du matin (heure standard). Il n'y a pas de temps à perdre pour organiser l'expédition : il va falloir recruter des guides et des porteurs pour constituer une cordée d'un maximum de quatorze personnes, conformément aux clauses du pari, équiper l'expédition, peut-être faire une reconnaissance de la base de la montagne pour repérer une voie d'accès, établir un camp de base sur le Plateau du Jura, etc... Il y a du pain sur la planche !

Laissant Al s'occuper seul du déchargement de la cargaison, le reste de l'équipe s'attelle aux préparatifs de l'ascension. Pendant qu'Hans fignole son système de pilotage à distance de l'aéromobile tout en réfléchissant au moyen d'obtenir des données aussi précises que possible sur le flanc de la montagne au moyen des senseurs du bord, Gam se constitue une trousse de secours à base de médicaments "industriels", laissant de côté ses habituels remèdes vilani, car elle a bien conscience qu'en cas de problème il faudra être efficace et performant rapidement. Dame Sandra envoie Eric Jens en ville pour voir si les annonces de recrutement qu'elle avait fait parvenir sur place il y a plusieurs semaines ont porté leurs fruits. Elle obtient de Kyle l'autorisation d'agencer un "bureau" à bord dans la salle commune de l'équipage pour recevoir les candidats et leur faire passer un entretien d'embauche... Elle compte par ailleurs recruter quelques personnes supplémentaires pour "tenir" le camp de base en l'absence de la cordée, et si nécessaire venir évacuer un éventuel blessé au moyen d'une aéromobile. Kyle quant à lui tente de repérer les membres des deux autres expéditions, et de se renseigner sur eux. Il décide également d'emporter lors de l'ascension une bouteille de l'équivalent local du champagne, pour célébrer la victoire au sommet (car il est d'un naturel optimiste).
Ayant repéré des spatiaux appartenant probablement à l'équipage des yachts des deux adversaires de Dame Sandra, il tente d'engager la conversation avec eux, apprenant ainsi qu'ils ne prendront pas part à l'ascension de leurs patrons respectifs, mais les attendront bien tranquillement à Collinsville. Il apprend également que leurs patrons ont déjà établi leurs camps au pied de l'Anekthor. Mais il sent vaguement que, du fait que ces gens sont au service de la noblesse, ils se sentent supérieurs à l'équipage d'un simple vaisseau marchand comme le sien... Il parvient à échanger avec eux des banalités, une conversation assez creuse, mais il n'y a pas à dire, eux et lui ne sont pas du même monde, et ils ne deviendront certainement pas ses amis. Non qu'il souhaite lui-même avoir des amis dans ce genre, d'ailleurs...

Quittant Collinsville, Gam et Hans se rendent au pied de l'Anekthor à bord de l'aéromobile (à environ 500 km, soit cinq heures de trajet sans faire forcer la machine) : Hans souhaite procéder à de nouveaux essais de sa télécommande, et Gam voudrait repérer une voie d'accès pour le départ de l'ascension. Dame Sandra estime qu'une reconnaissance "de près" de la montagne au moyen de l'aéromobile serait contraire à l'esprit du concours. Bien sûr, il serait toujours possible d'arguer du fait que l'aéromobile n'a pas été employée pour l'ascension elle-même, mais il n'en reste pas moins que cela procurerait un avantage technologique certain sur les autres concurrents. Sans l'interdire, elle déclare à Hans qu'elle préfèrerait que l'expédition s'en tienne à la bonne vieille méthode du terrain et de l'étude à la jumelle, et à l'étude des données déjà connues grâce aux expéditions infructueuses précédentes et aux études géologiques de l'Anekthor. Al, qui est plus au fait que son camarade des subtilités et non-dits du langage, comprend qu'il s'agit pour elle d'un refus catégorique, même si Hans n'a pas saisi la finesse non exprimée derrière les mots.
Une fois arrivés sur place, Gam et Hans constatent que les deux autres concurrents ont déjà établi leurs propres camps de base, à distance respectable l'un de l'autre (à vue de nez, environ un kilomètre), chacun s'étant installé au bord d'un des petits torrents qui cascadent de la montagne. Les camps ne sont pas des installations spartiates comme celle que les deux anciens du SIEI vont eux-mêmes établir en attendant d'être rejoints par le Conscience Tranquille, mais des groupes de petits bungalows préfabriqués, probablement dotés de tout le confort moderne (ou du moins, de tout le confort moderne qu'on peut faire tenir dans de tels "bâtiments"), à proximité desquels stationnent plusieurs aéromobiles, de modèles plus coûteux, plus perfectionnés et plus confortables que la vieille Ling pilotée par Hans.
Au pied de l'imposant Anekthor, le plateau du Jura est couvert d'une prairie de hautes herbes et de buissons (genre bruyère), qui ondulent sous le vent, avec ça et là un bosquet d'arbres, et même des bois, dont certains montent à l'assaut des flancs du monstre ; d'ailleurs, il est probable qu'une partie de "la montée" se fera sous le couvert des arbres... La température est bien moindre qu'à Collinsville, puisque le thermomètre extérieur de l'aéromobile indique seulement 17 °C.
La montagne elle-même s'élève d'abord doucement presque partout, avec une pente qui peut se gravir en marchant, avant de devenir plus technique en altitude, mais il semble, d'après ce que les deux amis peuvent voir en longeant le flanc à la recherche d'un emplacement pour leur propre camp et les images qu'ils ont pu analyser auparavant, qu'il soit possible de monter jusqu'à près de 6000 mètres sans réellement faire d'alpinisme (selon la voie d'accès choisie, évidemment). Et ils ne devraient pas faire de glacier avant 7500 mètres environ.
Gam et Hans établissent leur camp de base non loin d'un petit cours d'eau, sur un monticule qui permettrait d'y poser le Conscience Tranquille tout en espérant qu'il soit à l'abri d'une éventuelle crue du siècle, et aussi près de la base du massif que les deux autres camps), à 500 m environ d'un des deux autres camps, et à 1,5 km de l'autre.

Après avoir passé quelques heures à examiner le flanc de la montagne, Gam et Hans doivent se rendre à l'évidence : l'ascension à proprement parler ne commencera effectivement pas avant 5500 ou 6000 mètres. Le début, ce sera de la "simple" randonnée en montagne (et pour une bonne part en forêt), dans les contreforts du pic géant.
L'abord de la montagne se fera par son flanc nord-ouest. Les deux autres concurrents se sont installés près d'une zone où la montée semble à première vue être aisée au départ, mais Gam remarque que, en longeant le pied du massif vers le nord sur une distance d'environ cinq ou six kilomètres, on débouche sur une vallée pierreuse qui lui semble offrir un axe de pénétration intéressant. Plus haut évidemment, les choses se compliqueront, mais un long examen de la paroi ne montre rien d'insurmontable a priori. Du moins jusqu'aux neiges éternelles...
Évidemment, aborder l'ascension par là signifierait aussi perdre de vue les deux autres expéditions (les camps de base seraient visibles aux jumelles, et un départ simultané possible, si les trois concurrents s'entendent sur ce point).

Dame Sandra décide de ne pas assembler une cordée de quatorze personnes ; elle se contentera de quatre ou cinq montagnards du cru.
La première personne qui se présente est un dénommé Henri Dupont, qu'elle avait visiblement contacté avant d'arriver sur Tivid. Dupont a déjà réalisé plusieurs ascensions partielles de l'Anekthor, sans jamais parvenir au sommet (forcément...). Il est le seul survivant de l'expédition de 1099, la dernière tentative sérieuse pour vaincre le sommet : blessé par une chute au deuxième jour de l'ascension, il fut évacué en aéromobile, abandonnant ses compagnons d'ascension, que personne ne revit jamais. Mais Kyle, dans sa tournée en ville, a entendu parler de ce Henri Dupont : plusieurs des autochtones avec qui il a discuté montagne, espérant recruter des candidats à l'ascension, l'ont décrit comme un porte-poisse de première. Outre l'expédition de 1099, il a participé à d'autres tentatives, moins élaborées certes, mais qui se sont toujours mal terminées, quoi que jamais aussi tragiquement : chutes, fractures, gelures, et même une intoxication alimentaire collective ! Sa réputation est telle que personne ne veut plus grimper avec lui... En outre, ajoutent en s'esclaffant bruyamment les interlocuteurs de Kyle, Dupont est un gentil demeuré qui est persuadé que les "marcheurs du vent" existent réellement.

Au 087-1105, Dame Sandra n'a réussi à recruter qu'une seule autre personne, Charlotte Bogner, une femme de 28 ans aux cheveux coupés en brosse et teints en violet et au visage bronzé sauf la marque claire des verres solaires, qui gagne sa vie en guidant des expéditions de géologues sur la planète. Elle n'a jamais tenté l'ascension de l'Anekthor, mais elle a pratiqué l'alpinisme et est rompue aux randonnées dans la nature sauvage de Tivid.

Revenant d'un tour en ville, Kyle découvre qu'il y a deux messages sur le répondeur du Conscience Tranquille. L'un d'eux, acheminé par un petit vaisseau marchand qui s'est posé à Collinsville il y a quelques heures, est un message enregistré de Nicole Baron, l'astéroïdienne déposée dans le système de Maitz. Elle remercie l'équipage pour le voyage, présente ses excuses pour être partie précipitamment une fois le vaisseau au spatioport, et annonce avec un grand sourire qu'elle est arrivée trentième sur le champ d'astéroïdes nouvellement ouvert par Wickett & Hyal, ce qui va lui valoir de recevoir la prime offerte aux trente premiers mineurs sur le site. Ces nouvelles font plaisir à Kyle, qui lui enregistre un message en retour lui souhaitant une bonne réussite pour la suite de ses activités.
L'autre message a été enregistré directement sur le répondeur. Il émane d'une certaine Sabine Götzinger, une jeune femme blonde aux longs cheveux bouclés qui se présente comme journaliste pour Collins1, une des trois chaînes de télévision locales, et demande qu'on la rappelle rapidement. Une brève recherche sur le réseau local confirme à Kyle qu'elle est bien reporter pour Collins1. Les sujets qu'elle aborde sont très variables, des chiens écrasés à la rubrique pipôle en passant par les manifestations culturelles, le bilan de la campagne de pêche ou le concours des cottages fleuris. Il faut dire que la population locale relativement réduite ne permet sans doute pas aux médias de spécialiser leur personnel... Sa notice biographique sur le site officiel de la chaîne indique qu'elle a 28 ans et qu'elle est diplômée de l'université de Strouden. Consultée, Dame Sandra le laisse libre de parler à la journaliste, lui déclarant qu'elle lui accorde une entière confiance. Répondant à des questions plus précises de Kyle qui cherche à anticiper les questions de la journaliste, elle lui précise qu'elle n'a pas de "position officielle sur ses concurrents" : ce sont certes des adversaires, mais avant tout des amis de longue date, et la compétition promet d'être acharnée, mais se déroulera dans une bonne ambiance, car l'enjeu financier n'est que secondaire. Quant aux histoires de malédiction et autre porte-poisse concernant Henri Dupont, elle n'y accorde aucune importance. "Enfin, ne le dites pas comme ça", se reprend elle, "il ne faudrait pas choquer les sensibilités locales. Déclarez plutôt que je suis persuadée que tout ceci peut s'expliquer de façon rationnelle, et qu'il ne faut pas chercher de signification particulière à des faits qui ne sont très certainement qu'une série de coïncidences..."
Se disant que pour une fois qu'il se passe quelque chose sortant de l'ordinaire ici, cette Sabine Götzinger a envie de couvrir l'évènement, Kyle rappelle la journaliste. Celle-ci, après l'avoir chaleureusement remercié de l'avoir rappelée si rapidement, lui demande s'il serait possible qu'il lui accorde une couverture exclusive de l'évènement. Elle ne compte pas participer à la cordée, mais ce qu'elle a dans l'idée est de confier à son interlocuteur une caméra antigrav qui lui permettrait de filmer l'ascension sans le gêner (il garderait les mains libres, la caméra se calant par défaut sur les mouvements de sa tête pour filmer ce qu'il regarde ; elle est également pourvue d'une télécommande, pour le cas où on voudrait la déplacer pour montrer quelque chose en particulier) et transmettrait les images aux studios de Collins1. Si en plus Kyle pouvait chaque jour, au bivouac par exemple, faire un petit résumé des évènements de la journée, de l'état d'esprit des alpinistes, ce genre de choses, le "journal" de l'ascension, ce serait super. Et bien évidemment, il y aurait une rémunération...
Posant quelques questions à la journaliste, Kyle apprend qu'elle est "en négociations" avec les deux autres expéditions pour leur confier le même genre d'appareil. Il demande l'autorisation à Dame Sandra, puis accepte de se charger de la caméra, moyennant certaines conditions, car il craint en particulier, dans le cas où seule sa cordée en emporterait une, que les autres concurrents puissent se servir de l'émission pour prendre un avantage quelconque (même si l'on peut considérer, au regard du règlement du pari, qu'il s'agit d'un recours à des "objets de haute technologie" pour réaliser l'ascension). Sabine Götzinger comprend ses réticences vis-à-vis du direct. Elle pensait que cette solution serait celle qui lui conviendrait le mieux, car nécessitant le moins d'intervention de sa part. Kyle demande la possibilité d'envoyer un signal à tout instant pour couper la retransmission en cas de nécessité : techniquement, c'est très simple à faire, et son interlocutrice est immédiatement d'accord. Kyle accepte également de faire un petit résumé quotidien en fin de journée.
Après quelques négociations, Kyle tombe d'accord avec Sabine Götzinger sur les conditions du contrat le liant à la chaîne Collins1 :
- retransmission en direct avec possibilité pour Kyle (le caméraman) de faire interrompre la retransmission à tout moment et de désigner des passages "non diffusables" ;
- Kyle peut commenter en direct pendant que la caméra tourne s'il le souhaite, mais il n'a aucune obligation ; par contre, il fera de petits commentaires en fin de journée, et à chaque fois qu'il le souhaitera si les évènements l'inspirent et si ça ne lui pose pas de problème particulier ;
- côté financier, 250 Cr par jour d'ascension, + 800 Cr (au lieu de 250 proposés initialement) en cas d'arrivée au sommet. En échange de quoi, la chaîne peut diffuser autant qu'elle le désire ce qui n'aura pas été désigné comme étant censuré. En outre, si la cordée est la première au sommet, et/ou si elle fait une découverte importante, et/ou un scoop, cela fera l'objet d'un nouveau contrat, Collins1 étant prioritaire pour celui-ci vis-à-vis de ses concurrents (c'est-à-dire que Kyle ne pourrait proposer les images à un de ses concurrents qu'après avoir négocié avec la chaîne sans avoir réussi à trouver de terrain d'entente raisonnable). Même principe pour une éventuelle adaptation filmée ou animée des "aventures" des membres de l'expédition.
Pour la descente, les images intéressent beaucoup moins la chaîne, sauf circonstances exceptionnelles (un blessé à descendre rapidement, ce qui ferait monter l'audimat ; ou découverte, scoop, etc...), et Sabine Götzinger propose qu'un nouveau contrat soit établi à ce moment-là, uniquement si la chaîne diffuse les images, et avec une garantie minimale de 100 Cr par jour dont des images seraient diffusées.
Une fois les termes du contrat fixés, la journaliste en envoie à son interlocuteur une copie électronique, sur laquelle il n'a plus qu'à apposer sa signature électronique.
Kyle fera très attention à ne pas filmer de face Gam ou Hans, dont il connait l'aversion pour les caméras. Gam lui demande d'ailleurs que soient censurés tous les plans où elle serait reconnaissable.

Dame Sandra indique à Kyle et Al, qui sont restés au vaisseau avec elle, qu'elle va avoir une réunion en ville ce soir avec ses deux amis (et néanmoins concurrents), afin de discuter un peu et de mettre à plat d'éventuels détails pouvant poser problème, a priori dans un restaurant chic autour d'un bon repas. Kyle demande s'il peut "s'incruster" pour jauger les deux autres concurrents, mais elle lui rétorque qu'il s'agit d'un dîner privé entre eux trois.

Kyle et Al cherchent donc à se renseigner par d'autres moyens.
Côté déclarations à la presse locale, Dupin comme Redcliffe ont chacun brièvement déclaré avec un grand sourire qu'ils seraient le premier à parvenir au sommet de l'Anekthor, avant de congédier le ou la reporter. Finalement, celui qui a eu le plus long entretien avec les médias est Kyle, qui a parlé au nom de Dame Sandra à la journaliste de Collins1. Et les deux autres ont refusé d'emporter la caméra antigrav qu'elle leur proposait.
De ce que Kyle a pu lui-même apprendre en traînant en ville, les deux adversaires sont arrivés chacun avec leur cordée de quatorze personnes déjà constituée. Dame Sandra est la seule à avoir cherché à recruter des montagnards locaux. Mais ils avaient au préalable envoyé des gens sur place pour poser des questions aux indigènes ayant déjà tenté l'ascension et rassembler tuyaux et renseignements. Visiblement, ils devaient se douter que les gens du coin ne seraient pas très chauds pour tenter l'ascension, et ont préféré s'entourer de "professionnels" aguerris mais ne connaissant pas l'Anekthor plutôt que d'alpinistes locaux. Sachant que les personnages n'ont réussi à recruter sur place que deux candidats, c'est un choix qui se défend...

Kyle se renseigne également sur la possibilité d'emmener un fusil hypodermique, pour anesthésier un éventuel marcheur du vent. Mais ni l'arme ni les anesthésiques ne sont en vente libre sur Tivid.
Les fusils sont réservés aux vétérinaires, aux pompiers, et aux "gardes ruraux" (qui sont l'équivalent local des gendarmes, des gardes-chasse et des gardes forestiers, le tout à la fois). Évidemment, il y a toujours la possibilité de tenter de s'en procurer un illégalement, soit en le volant à l'une de ces personnes, ou à l'importateur local de matériel vétérinaire (en espérant qu'il en ait un en stock dans son entrepôt), soit en passant par la délinquance locale, qui doit bien exister.
Pour l'anesthésique, deux sont disponibles sur Tivid : l'un est efficace sur les grands animaux indigènes, l'autre sur les Mammifères d'origine terrienne ou apparentés, c'est-à-dire ici la majeure partie du bétail et bien entendu les Humains. On les trouve sous deux formes : une forme lyophilisée spécialement conçue pour les fléchettes hypodermiques, et une forme liquide injectable avec une seringue normale (mais Gam estime qu'on pourrait quand même l'utiliser avec un fusil hypodermique). La première est réservée aux mêmes personnes que les fusils hypodermiques, la seconde est accessible aux professions médicales et aux vétérinaires. Gam pourrait, en tant que médecin du bord, tenter de se procurer légalement le deuxième anesthésique, sous sa forme normale, auprès de l'hôpital de Collinsville.
Devant ces difficultés et ignorant tout de l'efficacité éventuelle d'un anesthésique sur les hypothétiques marcheurs du vent, Kyle renonce à son idée.


Les montagnards sont là


Le soir est tombé sur Collinsville. Dame Sandra est partie dîner en ville avec ses deux concurrents. Al et Kyle restent seuls à bord du Conscience Tranquille, où l'heure de se mettre à table (dans la salle commune qui a ces derniers jours servi de bureau à Dame Sandra pour recevoir d'éventuels candidats à l'ascension de l'Anekthor, et qui est donc nettement mieux rangée qu'à l'accoutumée) va également arriver. Al est en train de remettre la pièce en ordre (ou, pourrait on sans doute dire, de la remettre en désordre) afin de préparer le repas, quand se présente au sas du vaisseau un candidat répondant à l'annonce de recrutement que Dame Sandra a fait diffuser en ville. Il s'agit d'un grand (peut-être que le qualificatif de géant pourrait s'appliquer, car il dépasse visiblement largement le double mètre) barbu plutôt beau gosse, à la carrure impressionnante. Kyle le fait monter à bord et le reçoit avec Al.
Le nouvel arrivant se présente sous le nom de Billy Bjornmund. Rentrant tout juste de Nevislaren, il vient seulement de prendre connaissance de l'annonce de Dame Sandra, qui l'intéresse financièrement. Et il ajoute un peu nerveusement : "Je ne suis pas un pro de la montagne, mais je suis motivé. Et puis... au risque de paraître prétentieux... je ne crois pas que beaucoup de monde soit capable de faire ce que vous voulez faire. Mais je suis sûr que si quelqu'un peut arriver là-haut, c'est moi."
Dans la discussion, le colosse parvient non seulement à se faire recruter pour l'expédition, mais à négocier son départ de Tivid à bord du Conscience Tranquille ensuite.

Une fois Billy reparti, Kyle tente de se renseigner à son sujet sur le réseau informatique local. Mais Billy n'a pas de page sur le réseau social local et une requête informatique sur son nom ne ramène strictement rien. L'annuaire local confirme le numéro de communicateur personnel que le colosse a laissé. Kyle décide donc de se tourner vers les clubs d'alpinisme locaux : il en existe deux sur Tivid, qui sont à Collinsville : le Club Jurassien Collinsvillois (CJC) et le Cercle Montagnard.


Les courses avant la course


Le 088-1105 matin, Kyle et Al présentent la nouvelle recrue à Dame Sandra. Cette dernière fait une petite remarque légèrement piquante à Kyle sur le fait qu'il a recruté quelqu'un sans lui avoir demandé son avis. Billy lui avoue son inexpérience de la montagne, et elle tente de lui faire prendre conscience de la difficulté de l'entreprise et du risque potentiellement mortel qu'il y a à surestimer ses propres capacités. "Ce n'est pas aussi simple que vous le croyez", lui explique t-elle. "On ne s'improvise pas alpiniste, et la haute montagne peut s'avérer fatale."
S'adressant à Kyle, elle ajoute :
"Capitaine, il me semble souhaitable de mettre à profit le peu de temps qui nous reste avant le départ de l'ascension pour donner à Monsieur Bjornmund un avant-goût de ce qui l'attend... et lui permettre de changer d'avis pendant qu'il en a encore la possibilité. Pourriez vous le confier à vos compagnons qui sont déjà au pied de l'Anekthor, afin qu'ils le fassent grimper un peu et lui inculquent les rudiments de l'alpinisme ?"
Se tournant à nouveau vers Billy, elle précise :
"Vous comprenez, il vaut mieux mettre toutes les chances de notre côté. Je ne doute pas que vous ayiez les capacités physiques pour faire un excellent grimpeur" (sourire) "mais un peu d'expérience ne vous fera pas de mal."

Billy n'est bien évidemment pas équipé pour la montagne. Heureusement, comme Tivid tire une partie de ses ressources des touristes venant faire de l'alpinisme sur ses montagnes, il y a à Collinsville quelques magasins susceptibles de fournir à peu près tout le nécessaire pour ce genre d'expéditions. Évidemment, les tarifs eux aussi sont destinés aux touristes, donc quelque peu surévalués. Mais pour une expédition en montagne (moyenne ou haute), il y a tout ce qu'il faut. Al et Kyle emmènent donc Billy au magasin d'articles de montagne Jurassic Park (qui dérive probablement son nom de celui du Plateau du Jura, au pied duquel est édifiée Collinsville et sur lequel s'élève le monstrueux Anekthor), afin de compléter son équipement pour l'expédition.
Compléter, d'ailleurs, c'est un peu abusif : à part quelques vêtements chauds, il va falloir l'équiper de pied en cap ! Même son sac à dos n'est pas profilé pour la montagne... Il risque d'y en avoir pour une somme rondelette !

Jurassic Park et le Club Jurassien Collinsvillois étant gérés par les mêmes personnes, Kyle profite de ce qu'Al et Billy choisissent du matériel avec un vendeur (Billy : "Vous n'avez que cette couleur-là dans ma taille ? ! !") pour discuter avec la petite caissière souriante (brune, cheveux courts, yeux marrons, bronzée, gros pull moulant dans des tons rouille, pantalon style jean, environ 1m60, mais svelte et baraquée, et avec des mains de travailleuse manuelle... ou de grimpeuse), avec qui il a visiblement un bon contact dès lors qu'il lui a expliqué qu'il fait partie d'une des expéditions qui vont se lancer sur les pentes de l'Anekthor. Mais elle lui répond que non, "Il n'y a personne de ce nom au club". "Ce monsieur, là ?" ajoute t-elle en désignant Billy discrètement : "Non, il n'est pas du club, c'est la première fois que je le vois."

Kyle profite d'une discussion dans les rayons pour essayer d'en savoir un peu plus sur les antécédents du colosse, mais celui-ci, après avoir commencé quelques vagues explications sur son passé, se rembrunit brutalement et coupe court en déclarant que "ça n'a aucun intérêt". Puis, après un visible effort sur lui-même, il se reprend et se retourne vers son interlocuteur pour lui expliquer : "Je suis désolé. Il y a certaines choses de mon passé que je n'ai pas trop envie d'évoquer. Je me suis laissé entraîner à parler de ça, mais je n'aurais pas dû. Ça me met mal à l'aise. Donc, voilà... pour faire court... j'étais dans un spectacle qui est pour ainsi dire une histoire de famille. C'est mon père qui m'a tout appris. On était avec un cirque itinérant, et on a fait des représentations à plus d'endroits que je n'arrive à m'en souvenir. Mais pour... disons des raisons qui ne regardent que moi, j'ai laissé tout ça derrière moi. Maintenant, je fais un peu tous les boulots qui se présentent où on a besoin d'un gars pas trop gringalet qui soit capable de se servir de ses dix doigts."

Les emplettes étant terminées, Kyle paie et fait établir une facture, considérant que ces frais entrent dans la catégorie des "frais relatifs à l'expédition elle-même", que Dame Sandra a déclaré assumer.


C'est au pied de la montagne que l'on voit le montagnard


D'un "coup d'ailes" du Conscience Tranquille, Kyle et Al conduisent en fin de matinée Billy et son équipement sur le plateau du Jura auprès de leurs deux camarades, qui les attendent au camp de base. Gam a d'ailleurs préparé deux parcours pour donner au néophyte un avant-goût de ce qu'est l'alpinisme. Mais évidemment, si bas et à cette saison, il n'y aura ni neige ni glace.
"Je t'ai préparé une petite balade de mise en forme, pour voir si tu sais grimper. Rien de bien terrible, le tout venant" dit elle à Billy tout en lui lançant l'équipement nécessaire en vrac, pour le jauger.
Comme cet exercice n'utilise pas le matériel de glacier, se harnacher est pour le colosse assez simple : le voici en train de s'échauffer au pied de la montagne avec l'air d'un parfait alpiniste, à défaut d'en avoir l'assurance. Évidemment, une fois à flanc de rocher, ce n'est plus la même chose : il est manifeste que Billy a de fortes dispositions naturelles pour grimper, mais il lui manque tout ce qui est gestes techniques, en particulier choisir ses prises et appuis sur la roche, repérer les roches qui sont solides et celles qui risquent de céder sous le poids d'un grimpeur, et tout ce qui est en rapport avec le fait d'être encordé avec une autre personne. Toutefois, il ne se débrouille pas trop mal pour utiliser le piolet pour planter des pitons, et pour assurer l'escalade de sa camarade avec la corde. Gam se dit qu'il n'a certes pas l'expérience pour être premier de cordée (ce qui n'est pas surprenant), mais que pour le reste, il devrait suivre, à condition qu'on l'aiguille si nécessaire pour certains gestes et pour les passages techniques. De plus, il acquiert assez facilement les gestes techniques une fois qu'on les lui a expliqués.
Billy quant à lui s'attendait à pouvoir aider Gam à l'occasion, mais il ne peut que constater qu'elle n'a besoin de personne pour grimper. Elle est peut-être petite et plutôt menue, mais c'est un paquet de muscles et de tendons et elle maîtrise largement son sujet, y compris et surtout au niveau technique (là où le colosse compense avec ses capacités physiques). Et c'est encore plus évident à partir du moment où c'est elle qui passe devant.
Après quelques heures de grimpette, ponctuées par un petit éboulement sans conséquences et par l'observation d'une petite harde d'animaux cornus à six pattes gros comme des moutons, bondissant de rocher en rocher à flanc de montagne quelques dizaines de mètres seulement au dessus d'eux, les deux montagnards redescendent sans encombre jusqu'au camp de base où les attend Hans. Billy se sent un peu fatigué, avec des douleurs dans des muscles qu'il n'a peut-être pas trop l'habitude de solliciter, mais dans l'ensemble tout s'est bien passé. Restera l'épreuve de la haute montagne, avec neige, glace, froid et manque d'oxygène, se dit Gam, mais pas moyen de faire un essai avant l'ascension : elle devra se contenter de lui inculquer des bases théoriques et de lui faire manipuler le matériel au camp de base. Billy a comme l'impression que ça risque de ne pas être une partie de plaisir jusqu'au sommet...
Billy est attentif et consciencieux, et se révèle bon élève : Gam pense qu'il ne devrait pas avoir de difficultés majeures à réaliser une ascension, du moment qu'il se trouve au sein d'une cordée où des alpinistes expérimentés comme l'équipage du Conscience Tranquille peuvent l'encadrer pour les passages délicats et lui donner des conseils au besoin.

Hans et Billy font un peu mieux connaissance. Passés les premiers moments un peu délicats, le courant semble pouvoir passer entre les deux hommes.


Anekthor, jour 1 (1105)


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