Traveller

Les voyages du Conscience Tranquille : De Belizo à Vanejen (1104 / 1105)


Introduction : Belizo, 352-1104


Un saut dans l'inconnu


Une fois la soute pleine et les passagers tous installés (Al leur ayant fait le petit topo habituel sur les procédures à suivre en cas d'accident), les personnages gagnent leurs postes respectifs.
Du fait des récents trajets du Conscience Tranquille entre Utrarco et Mossapo, les moteurs ne nécessitent pas un temps de chauffe préalable, et en moins d'une minute, avec les attentions particulières que leur prodigue Hans, le vaisseau est prêt à prendre l'air. Les autorités du spatioport lui transmettent la trajectoire à suivre lors de l'ascension vers l'orbite, puis lui donnent le feu vert pour décoller. Kyle (qui, comme à son habitude, a mis sa musique pendant qu'il pilote) manipule quelques commandes, et le Conscience Tranquille commence son ascension.
La première partie de sa trajectoire est rigoureusement verticale, jusqu'à une altitude suffisamment élevée où Kyle est autorisé à se déplacer également par rapport aux coordonnées du spatioport, ce qui lui permet de prendre plus de vitesse. Et en une petite quarantaine de minutes, le vaisseau est en orbite.
Kyle l'oriente dans la direction d'Heroni, pendant qu'Al, passé des fonctions de steward à celles de copilote, est en train de commencer à déterminer les paramètres du saut avec l'aide des calculateurs de bord.
Par mesure de précaution, le saut ne sera tenté qu'une fois le Conscience Tranquille suffisamment éloigné de Belizo (à une distance correspondant environ à cent fois le diamètre de la planète), ce qui prendra presque huit heures.
Pendant cette partie du trajet, l'équipage n'a en fait pas grand chose à faire ; et si Hans, toujours aux petits soins pour ses machines, reste dans sa salle des machines pour peaufiner quelques réglages et vérifier que tout se passe bien, attentif au moindre petit bruit qui lui indique si chaque élément réagit comme il faut, Al peut sans problème quitter le fauteuil du copilote. Kyle reste aux commandes, car tant que le vaisseau n'a pas sauté, il peut toujours être amené à réaliser une man½uvre d'évitement, pour ne pas entrer en collision avec un autre vaisseau ou un quelconque petit astre, dont il couperait la trajectoire. Quant à Gam, à part surveiller périodiquement que la congélation des passagers se passe bien (le point de cryogénie n'ayant pas encore été atteint), elle n'a rien de spécial à faire. Pour l'instant, les passagers n'ont pas manifesté d'impatience ni actionné les sonnettes d'appel du steward.

Le Conscience Tranquille approchant de la distance à laquelle il pourra sauter, Al regagne le poste de pilotage, réalise avec minutie les derniers calculs pour la détermination du vecteur de saut, puis Kyle procède à la traditionnelle extinction des feux avant le saut, ne laissant allumées que les veilleuses de saut, selon une coutume presque superstitieuse.
Le réseau de filaments de lanthane qui parcourt l'ensemble de la coque devient progressivement lumineux jusqu'à en être presque aveuglant, les étoiles s'estompent pour laisser la place à un noir d'encre, les personnages ressentent passagèrement une légère sensation de vertige qu'ils connaissent bien : le Conscience Tranquille vient de sauter. La coque reprend son opacité normale, Kyle rallume les lumières ; voici le vaisseau totalement coupé du reste de l'univers pour une semaine entière.

Une fois dans l'espace-saut, il n'y a pas grand'chose à faire, même pour le pilote : ce qui est délicat, c'est l'entrée dans cet espace : ce qu'on appelle en jargon spatial la transition. Après la transition, il n'est plus possible de man½uvrer le vaisseau, qui se trouve dans sa bulle, totalement isolé, et il ne reste qu'à attendre la sortie du saut, en espérant que le vecteur de saut que le calculateur de bord a déterminé sur les indications fournies par le spatiogateur (ce qui lui a pris plusieurs minutes de calcul) soit correct... ou plutôt, que les données entrées pour le calcul de ce vecteur aient été les bonnes, et suffisamment précises !
Par les hublots, on peut d'ailleurs voir les limites de la bulle, sous la forme d'une paroi grise, uniforme et ondulante, entourant le vaisseau à environ un mètre de la coque. Une vision depuis longtemps banale pour les personnages, mais qui a conduit plus d'un voyageur à la dépression.
Il est théoriquement possible de sortir du vaisseau et de se tenir ainsi à l'intérieur de la bulle, mais c'est physiquement et psychologiquement dangereux.

Du fait de cette totale impossibilité d'influer sur le cours du saut (à moins évidemment de faire sauter le vaisseau, ou tout au moins de le saboter de telle sorte que le réseau de filaments de lanthane qui permet de générer la bulle soit endommagé), la durée du saut est généralement mise à profit pour la maintenance et l'entretien du matériel et de certaines parties du vaisseau.

Entre deux parties de jeux sur ordinateur, Kyle profite de son inaction pour tenter de lier discussion avec Dame Sandra.
Celle-ci est d'un abord assez facile, et en discutant avec elle, Kyle se rend compte que c'est une "sportive de l'extrême" expérimentée, et plutôt du genre casse-cou. L'ascension de l'Anekthor n'est pas plus suicidaire que certaines autres des "expéditions" qu'elle a réalisées... ce qui n'enlève évidemment rien à la dangerosité de la tentative.
Wallace Dougal l'accompagne dans ses expéditions, et il est probable qu'il soit lui aussi raisonnablement compétent dans le domaine, même s'il est manifeste que c'est loin de le passionner, et qu'il se passerait bien de risquer sa vie pour la beauté du geste.

Gam a pris en main la remise en forme de Hans pour le préparer à l'ascension. Elle fait de la gym avec lui tous les matins, et essaie de surveiller sa ration de bonbons.
Aucune incidence sur la corpulence de son "patient" n'est cependant perceptible.

Hans passe ses journées à bricoler, en particulier sur l'aéromobile.

Al se démène pour éviter que les passagers ne s'ennuient. Il tâche de prévoir des divertissements : jeux divers, films, soirées thématiques, etc...
Il est manifeste que Sandra Maarten a l'habitude de ces sauts : elle a visiblement prévu de quoi s'occuper pendant la semaine, et passe le plus clair de son temps dans sa cabine, connectée à sa console multimédia. Ce qui ne l'empêche pas évidemment de socialiser avec les autres, mais il est très clairement perceptible que c'est loin d'être son premier saut... ce qui, vu son métier, n'est pas étonnant.

Le saut se déroule sans incident notable.
Le 364-1104, soit presque à la fin du saut, Gam a la surprise d'une petite fête organisée en l'honneur de son anniversaire par ses trois compagnons d'équipage : Al lui a préparé un menu avec ses plats préférés, et au dessert, ils lui offrent un coffret contenant une série de reportages sur les régions sauvages et les grands paysages de Belizo.

Plusieurs heures avant l'heure théorique de sortie du saut, l'ordinateur de bord prévient l'équipage qui retourne à son poste, car la sortie de l'espace-saut (la retransition) peut survenir jusqu'à dix-huit heures plus tôt que prévu, et il convient d'éviter les problèmes que peuvent constituer des obstacles inattendus juste à la sortie d'un saut (autres vaisseaux, comètes et autres petits astres, débris, ce genre de choses), voire de gérer des soucis plus graves comme une attaque pirate (ce qui jusqu'à présent n'est jamais arrivé au Conscience Tranquille).

Le 365-1104, sept heures environ avant l'heure prévue pour la retransition, les filaments de lanthane redeviennent un bref instant aveuglants, les personnages ressentent une fugitive et familière sensation de vertige, et les étoiles réapparaissent brusquement autour du vaisseau, la bulle ayant disparu. Un rapide contrôle réalisé par Al confirme qu'il s'agit bien du système d'Heroni. Le saut s'est bien passé, et même si les problèmes à ce niveau sont exceptionnels en ce qui concerne le Conscience Tranquille, vue la maîtrise qu'a l'équipage du sujet, les personnages ressentent quand même et comme à chaque fois un certain soulagement.


Retrouvons nos héros à Heroni


Le système d'Heroni étant dépourvu de géante gazeuse, et la planète elle-même n'ayant pas d'océans, le Conscience Tranquille va devoir acheter de l'hydrogène "à la pompe" afin de refaire le plein, car ses réservoirs ne lui permettent pas de réaliser plus d'un saut d'affilée. Ceci représente en général une dépense de l'ordre de 4000 crédits pour de l'hydrogène non raffiné, mais Heroni ne disposant pas d'installations très modernes pour l'accueil des vaisseaux spatiaux, et les tarifs locaux risquent fort d'être plus élevés que les prix habituels...

Kyle met donc directement le cap sur Heroni, dont il atteint sans encombre l'orbite en un peu moins de 5 heures 40.

Il n'y a pas de spatioport orbital, pas de guidage depuis le sol, bref, le Conscience Tranquille descend de l'orbite jusqu'à l'unique spatioport de la planète sans la moindre indication des autorités.
D'ailleurs, en fait de spatioport, c'est plutôt un simple terrain d'atterrissage. Il y manque la plupart des éléments qu'on retrouve classiquement autour d'un spatioport "moderne". Les personnages remarquent pendant leur descente la gare de chemin de fer qui se trouve juste au bord du terrain, et les entrepôts construits entre la voie ferrée et le spatiodrome lui-même. Il est manifeste que la principale fonction de ce dernier est de servir les intérêts de la Heroni MinCorp.
La ville d'Heroni s'étend d'un côté du spatiodrome ; de l'autre côté, c'est la campagne, quelques prés pelés où paissent des troupeaux d'animaux ressemblant un peu à nos moutons terriens.

Le vaisseau se pose sans difficulté, à proximité de la capitainerie et de l'unique café-restaurant-hôtel, pompeusement baptisé Grand Hôtel Spatial. Il y a d'ailleurs le choix de l'emplacement, aucun autre vaisseau n'étant présent...
Les formalités douanières expédiées, Kyle s'occupe de faire remplir les réservoirs du Conscience Tranquille, tandis qu'Al s'occupe du débarquement des passagers et que Gam décongèle les cryogénisés (qui ont survécu tous les quatre).
Les passagers une fois débarqués, les personnages peuvent s'occuper de décharger leur cargaison : d'abord les vidéos, dont le destinataire est venu prendre livraison, puis ils se préparent à sortir le tulapama, dès qu'ils auront trouvé acheteur.
Pendant ce temps, Dame Sandra part se promener, élégamment vêtue dans des tons éclatants rouge et rose et accompagnée de l'inévitable Wallace Dougal, qui est quant à lui beaucoup plus proche des tons ternes des environs, avec son blouson gris et son pantalon noir. Ils s'éloignent tous les deux dans la direction opposée à la ville.

Interrogés par Al sur leur séjour à bord, Gakumshiin et Halstrom déclarent simplement que leur voyage s'est bien passé, sans faire de commentaires particuliers.
Sandra Maarten par contre lui répond avec un grand sourire que, grâce à ses efforts, c'est le voyage le plus agréable qu'elle ait fait depuis des années sur ce type de vaisseau... et son métier l'amène à voyager beaucoup par ce genre de moyens de transport.
Elle précise d'ailleurs qu'elle ne manquera pas de recommander le Conscience Tranquille à ses amis voyageurs, et que si l'occasion se représente, elle n'hésitera pas à voyager à nouveau à son bord.
Voici une déclaration qui fait chaud au c½ur d'Al...

Sandra Maarten fait ses adieux aux personnages et va s'installer à l'hôtel, espérant l'arrivée prochaine d'un vaisseau qui se dirigerait dans la direction qu'elle souhaite suivre, c'est-à-dire vers Lunion.
Plutôt désappointés quant à eux de découvrir l'absence d'autre vaisseau, Eneri Gakumshiin et Margareta Halstrom se dirigent à leur tour vers l'hôtel, non sans avoir demandé aux personnages de leur réserver leurs cabines au cas (fort probable) où aucun vaisseau ne partirait d'Heroni avant le Conscience Tranquille.

Grâce aux annonces qui les ont précédé de quelques jours, les personnages n'ont pas trop de difficultés à trouver des acheteurs pour leur tulapama. Il semblerait que le produit intéresse particulièrement les mineurs : sans doute parce que ça va les changer notablement de leur ordinaire plutôt terne... Al parvient à vendre 18 tonneaux pour 97.920 crédits, soit un bénéfice de 25.920 crédits : une marge appréciable dont il est assez content.

Les personnages font leurs comptes :

  • Achat du tulapama : 208.000 Cr
  • Annonce envoyée avant le départ de Belizo : 80 Cr
  • Consommations diverses lors du saut (air, nourriture, etc...) :
  • Frais de stationnement à Heroni : 100 Cr pour les 6 premiers jours
  • Plein d'hydrogène non raffiné à Heroni : 5000 Cr

  • Les dépenses depuis Belizo s'élèvent donc à : 222.580 Cr (non compris le remboursement de l'emprunt du vaisseau)

  • Passagers convoyés d'Utrarco à Mossapo : 100 Cr
  • Fret : 6000 Cr
  • Passagers en pseudo-première classe : 20.000 Cr
  • Passagers en deuxième classe : 24.000 Cr
  • Passagers en cryogénie : 4000 Cr
  • Vente d'une partie de la cargaison de tulapama : 97.920 Cr

  • Total recettes : 152.020 Cr

    La balance est pour l'instant déficitaire de 70.560 Cr (sans parler de l'emprunt...), mais cela n'inquiète pas outre mesure les personnages, d'une part parce qu'ils ont l'habitude de ce genre de situations, d'autre part parce qu'il leur reste 34 tonneaux de tulapama dans la soute !


    Heroni, une ville moderne


    Dès l'atterrissage (le lendemain, jour de l'an, étant férié), les personnages se renseignent sur les cargaisons disponibles pour occuper la place libre dans la soute. Al estimant que les prix auxquels sont proposées les marchandises disponibles sont si prohibitifs qu'il risque fort ensuite de devoir les vendre à perte, ils se rabattent sur du simple convoyage. Le choix reste varié, et après avoir refusé un transport de bétail (qui aurait nécessité d'aménager la soute, et entraîné des frais supplémentaires pour l'air, l'eau, et le fourrage) et de la monazite, un minerai radioactif de thorium et de lanthane, conditionné dans des conteneurs qui ne sont pas imperméables aux radiations (pour se distraire en buvant son café, Hans calcule les valeurs d'atténuation du rayonnement pour une dose estimée à 100 microsieverts par heure, à travers un conteneur non protégé ; soit sur un saut d'une semaine, 16,8 mSv), ils décident d'embarquer des outils et des céréales en grains.

    Côté passagers pour Vanejen, il y a plus de candidats que de places disponibles en cryogénie, et le Conscience Tranquille étant le seul vaisseau sur place, Gam et Kyle, décidant de profiter sans vergogne de cette situation de monopole, augmentent les tarifs, les montant à 1100 crédits pour le prochain saut. Bien entendu, cette décision est mal accueillie par les voyageurs potentiels, et finalement, il n'y a pas besoin de procéder à une sélection parmi eux, car seuls quatre d'entre eux sont disposés à payer les cent crédits supplémentaires pour se rendre à Vanejen ; et encore, ne le font ils pas avec le sourire.
    Al s'inquiète des conséquences possibles de cette augmentation sauvage, mais les prix sont libres, et il est douteux que les personnages soient les premiers à abuser de la situation dans ce trou paumé.

    La seule candidate au voyage en cabine est une jeune femme d'environ 25 ans, très mince, vêtue d'une combinaison noire et aux cheveux courts d'un rouge très sombre (et très certainement artificiel), qui souhaite se rendre "peut-être à Mora".
    Ce peut-être intrigue Gam, qui, sous couvert d'un entretien médical préliminaire, essaie d'en savoir un peu plus sur elle. Il s'agit d'une certaine Niata Delrier, âgée de 25 ans et apparemment apte à supporter un voyage spatial. Gam remarque au passage qu'elle semble particulièrement souple.
    Visiblement étonnée par cet entretien au cours duquel on lui pose pas mal de questions, mademoiselle Delrier explique qu'elle fait partie de l'équipe d'un cirque itinérant, le cirque Hédéra, qui se produit de monde en monde. Lors de l'escale sur Heroni, il y a trois semaines, elle est tombée malade, et faute de médecin à bord de leur vaisseau, ses compagnons ont dû la laisser sur place. Maintenant rétablie, elle veut les rejoindre. Lorsqu'ils se sont quittés (le 344-1104), leur plan de vol devait les mener de monde en monde à Mora, où ils comptaient se produire un peu plus longtemps, et elle espère donc les y retrouver. Malheureusement, Gérôme Hédéra, le directeur du cirque, a l'habitude de changer d'itinéraire pour un oui ou pour un non.
    Heureusement pour elle, le cirque Hédéra voyage à bord d'un vaisseau de classe 1, il est donc à peu près inévitable que tôt ou tard il repasse par Mora... même si elle ne sait pas combien de temps elle va rester séparée de ses compagnons, et donc, sans gagne-pain.

    Plus tard, Gam, partie à la recherche de remèdes phytothérapiques locaux pittoresques (certes souvent totalement inutiles, voire dangereux, mais parfois intéressants), découvre une pharmacie biologique qui propose différentes plantes médicinales, séchées ou préparées de diverses façons (pommades, sirops, liqueurs, gélules, confiture, etc...). Les étiquettes dithyrambiques la font sourire, certains de ces médicaments se présentant comme rien moins que des remèdes universels...
    Elle y achète un prétendu remède universel contre la gueule de bois, dont l'odeur nauséabonde laisse préjuger d'un goût infect, qu'elle compte offrir à Al pour son anniversaire.
    On lui indique l'adresse d'une épicerie vendant du thé, mais il s'agit de thé industriel en sachets, importé d'outre-monde et proposé à des prix prohibitifs.

    L'équipage du Conscience Tranquille, mené par son capitaine, passe en ville sa première soirée sur Heroni. C'est l'occasion pour nos héros de se moquer gentiment de la sensibilité particulière d'Al à l'alcool, l'ayant conduit à exécuter lors d'une précédente escale une danse traditionnelle d'Alnimes, sa planète natale... mais tout nu et sur la table (épisode immortalisé en vidéo par Gam) !
    Ils passent donc la soirée du nouvel an dans un restaurant branché d'Heroni, puis dans une boîte de nuit située à peu de distance. Soirée fort agréable, car ce n'est pas parce que la planète est un peu le trou du cul des Marches que ses habitants y vivent dans l'austérité.
    Sur la carte du restaurant, ils ont l'amusante surprise de se voir proposer parmi les desserts... du tulapama ! Le prix prohibitif n'empêche pas les dîneurs des autres tables de se jeter dessus... Mais les personnages, blasés, préfèrent se rabattre sur d'autres choix.
    Si le repas au restaurant était bon, la boîte par contre fait quand même très plouc, par rapport à ce qu'on peut trouver sur des planètes plus modernes. Pas d'hologrammes, pas de jeux de lasers, pas de piste de danse à faible gravité... Pour les personnages, c'est plus proche d'une simple salle de bal.
    Ce qui ne les empêche pas de bien s'amuser, à part Hans qui s'est posé dans un coin sur une chaise, le plus à l'écart possible, et tripote nerveusement son ordinateur personnel en attendant que ses compagnons de voyage décident qu'il est temps de rentrer au vaisseau. Vers la fin de la soirée, un petit groupe de trois jeunes gens éméchés se plante devant lui en ricanant, visiblement dans l'intention de provoquer une bagarre à son encontre. Mais devant sa stature imposante (d'autant plus qu'il s'est levé à leur approche), et constatant à son ordinateur qu'il est ultramondain, donc peut-être armé de façon discrète mais redoutable, les jeunes coqs décident de ne pas tenter leur chance et se contentent de lancer quelques réflexions ricanantes avant d'aller voir plus loin.
    La nuit est déjà bien avancée quand nos héros regagnent leur vaisseau à travers les rues où traînent des groupes de fêtards dans des états d'ébriété variés, Al visiblement fort joyeux et à la démarche incertaine, Hans toujours tripotant son ordinateur tout en marchant.

    Le chargement de la cargaison commence le 002-1105 (la journée du 001 étant fériée) et est en lui-même relativement rapide, les produits étant containérisés ; en fait, l'essentiel des délais est constitué par le délai d'acheminement depuis les entrepôts et l'inspection des douanes, raison pour laquelle le chargement ne se termine que le 003-1105.


    Adieu à Heroni


    Pendant que les opérations de chargement de la cargaison ont lieu, les passagers embarquent.
    En cabines, et outre Dame Sandra et son garde du corps, prennent place Niata Delrier, ainsi que les deux employés de Bioplas qui, le Conscience Tranquille étant le seul vaisseau spatial présent à Heroni (si l'on fait abstraction de quelques engins incapables de saut, qui assurent des transports de courte distance entre la planète et divers points dans son système stellaire), ont décidé de continuer à son bord leur voyage en direction de Mora, au moins jusqu'à Vanejen.

    Le 003-1105 dans l'après-midi, le Conscience Tranquille est enfin paré. À l'exception des douanes, les autorités locales sont toujours aussi peu présentes, et il n'y a pas à attendre une éventuelle autorisation de la tour de contrôle pour décoller. Soigneusement bichonnés par Hans, les moteurs redémarrent sans peine, et le vaisseau, piloté par Kyle, commence son ascension vers l'orbite, qu'il atteint en moins de quarante minutes.
    La suite est du domaine de la routine : s'éloigner de la planète à une distance supérieure à cent fois son diamètre (en cinq heures quarante environ) tout en calculant les paramètres du saut, puis entrer dans l'espace-saut à la lumière des veilleuses, avec cette familière sensation passagère de vertige. Kyle rallume les lumières, et voilà nos héros et leurs passagers coincés pour une nouvelle semaine dans la bulle qui entoure le Conscience Tranquille.


    Destination Vanejen


    Une nouvelle fois, le saut se déroule sans accroc.
    Bien sûr, la routine est combattue par Al, qui s'efforce de rendre le voyage agréable pour les passagers... et dont les trente-et-un ans (le 004-1105) sont fêtés par ses camarades... À cette occasion (bien arrosée), Gam lui offre le sirop guérissant la gueule de bois qu'elle a acheté spécialement pour lui à Heroni. Al est très touché ! Le breuvage, que son étiquette présente comme un médicament miraculeux soignant aussi bien les petits inconvénients liés à l'absorption inconsidérée d'alcool que les nausées, la cirrhose, et autres, dégage une odeur peu ragoûtante ; et Al et Kyle (ce dernier, par goût pour les expériences nouvelles), qui le testent, ne sont pas vraiment convaincus de son efficacité, mais confirment que le goût, bien qu'affreusement sucré, est à la hauteur (ou plutôt, à la profondeur) de ce que laissait craindre l'odeur.
    Gam, très sérieuse, recommande à Al de bien reboucher la bouteille : "Ça a tendance à trouer la nappe quand on laisse tomber une goutte..."

    Les personnages sont prêts plusieurs heures à l'avance au retour dans l'espace normal, mais les sept jours (168 heures) s'écoulent sans retransition. La situation n'est pas inhabituelle, un saut "normal" pouvant durer jusqu'à seize ou dix-sept heures de plus que la durée théorique ; mais à chaque fois, nos héros ressentent une légère appréhension, sans doute liée à la tension subie, à rester ainsi à attendre à leurs postes sans pouvoir influer sur le cours du saut...
    Mais au bout de quatre heures de cette attente éprouvante, la coque devient peu à peu lumineuse, jusqu'à ce que son réseau de filaments de lanthane brille fugitivement d'un éclat aveuglant, les occupants du vaisseau ressentent un bref vertige (familier pour les habitués de l'espace), et le noir du ciel constellé d'étoiles vient remplacer dans les hublots du poste de pilotage le gris lancinant de la bulle qui entourait le Conscience Tranquille.
    Nous sommes le 011-1105.


    Vanejen (1105)


    Me contacter | Retour à la page d'accueil | Retour à la page jeux de rôle | Retour à la page aides de jeu | Retour à la page aides de jeu Traveller | Retour aux voyages du Conscience Tranquille