Buffy the Vampire Slayer Roleplaying Game

Rien que pour vos pieux


Ébauche de scénario pour Buffy the Vampire Slayer Roleplaying Game, réalisée à l'origine pour le vingt-deuxième concours de scénarios de la Cour d'Obéron (qu'elle remporta), et présentée ici dans une version mise à jour.
Le thème du concours était rêves et illusions, et l'élément imposé, une tombe.

Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin...


L'action de ce scénario peut être située à Sunnydale, ou ailleurs, et pas forcément aux États-Unis. D'ailleurs, il a été rédigé avec à l'esprit un groupe de persos constitué de lycéens ou d'étudiants français, et comportant bien évidemment la Tueuse.
Moyennant un peu d'adaptations, ce scénario peut être utilisé avec d'autres JDR fantastiques-contemporains susceptibles de mettre les personnages aux prises avec des vampires, Dark Conspiracy par exemple.


Manège à trois

Herbert Martin, élève dans le même établissement que les PJ (peut-être même dans leur classe ou promotion), est la caricature du no-life : grassouillet mais malingre, boutonneux, affublé d'un appareil dentaire, asthmatique, binoclard, geek, sans amis, etc... Il rêve d'être musclé et beau et de faire tomber les filles, mais ne pouvant y parvenir dans la vraie vie, il se replie sur les univers virtuels, tout particulièrement sur un MMORPG, Blackstone Dungeon (si vous connaissez bien le milieu des MMORPG (ce qui n'est pas mon cas), vous pouvez remplacer Blackstone par un jeu réel). Le personnage qu'il y incarne, le maléfique Lord Doom, y est devenu l'un des plus puissants du jeu. Herbert est tellement immergé dans Blackstone qu'il a parfois du mal à faire la différence entre l'univers virtuel et la réalité, et a de plus en plus tendance à penser à la manière de son avatar, voire à se prendre pour lui.

Récemment, Herbert a rencontré Laura Bergier, un soir au cinéma près du distributeur à pop-corn, à l'occasion de la première de Robocop vs Terminator, le blockbuster dont tous les geeks attendaient avec impatience la sortie cet automne. Une jolie fille, avec des goûts proches des siens, qui ne s'enfuit pas en courant lorsqu'il tente de lui parler (forcément, puisque c'est elle qui l'a abordé) et qui semble fascinée quand il lui raconte les exploits de Lord Doom, Herbert ne pouvait faire autrement que d'en tomber fou amoureux et de rêver d'elle à toute heure du jour ou de la nuit.

Il faut dire qu'elle l'a un peu aidé : Laura a besoin de lui pour accomplir un rituel très particulier, visant à ranimer son ancien amant, Richard Gisord, "tué" par un chasseur de vampires et en torpeur dans sa tombe depuis plusieurs siècles. Car Laura (comme Richard) est une vampire.


Laura ? L'aura pas ?

Grâce à son physique avantageux et à son charme vampirique, et exploitant la difficulté qu'éprouve le geek à percevoir la limite entre l'univers de Blackstone et la réalité, Laura n'a eu aucun mal à persuader Herbert qu'elle "sortirait avec lui" si Lord Doom accomplissait pour elle un petit travail : six meurtres sanglants en six endroits précis de la ville. Les cinq premiers points constituent les sommets d'un pentacle au centre duquel se situe le sixième, occupé par la tombe de Richard.

Laura ne peut commettre elle-même les meurtres, car le rituel doit être accompli par le septième fils d'un septième fils, descendant du vampire à ranimer. Herbert est septième fils (pas de la même mère, son père biologique s'est d'ailleurs sauvé avant sa naissance, et il a fallu du temps à Laura pour retrouver la trace de ses descendants), et son père, plus ou moins lointain descendant de Richard, est septième fils (d'une même fratrie, par contre).

Laura a parfaitement conscience des limitations physiques d'Herbert. C'est pourquoi elle assiste, tapie dans l'ombre, aux meurtres, et utilise ses pouvoirs vampiriques pour conférer au geek l'apparence et certaines des capacités de Lord Doom (ce qui affaiblit encore plus la différence entre "rêve" (Blackstone) et réalité dans l'esprit d'Herbert, qui ne garde de ses crimes qu'un souvenir confus et a l'impression qu'ils ont lieu dans le jeu).


Tu rêves, Herbert...

L'avatar d'Herbert, Lord Doom, est un puissant guerrier entièrement revêtu d'une armure de plates d'un noir de jais, décorée de reliefs représentant des crânes grimaçants, et dont l'armet est orné d'une paire d'ailes de chauves-souris déployées (pensez aux guerriers du Chaos de Warhammer). Il brandit une imposante épée à deux mains, Doombringer, elle aussi noire mais dont émane une maléfique lueur blafarde. Toutefois, les meurtres rituels sont commis par égorgement : Lord Doom empoigne sa victime, broyant probablement quelques os au passage en la serrant de ses gantelets, et attire sa pomme d'Adam vers sa propre bouche. Le viaire et la ventaille de son casque s'ouvrent alors automatiquement, ne laissant voir de son visage qu'une tache obscure dans laquelle brillent des dents acérées, luisantes de salive, encadrant une langue écarlate, dents qui s'avancent brusquement (un peu comme la mâchoire d'un Alien) pour arracher la gorge du sacrifié.

Seuls les humains voient Herbert sous les traits de Lord Doom (à moins que leur Willpower ne leur permette de résister à l'illusion). Les animaux ne sont pas affectés, et les caméras, les appareils photo, etc..., le montrent tel qu'il est réellement (voir sur une vidéo de surveillance un petit gros à lunettes arracher la gorge de sa victime avec des dents plus faites pour mordre dans les pizzas est un spectacle assez incroyable). Herbert ne prend l'apparence de son avatar que lorsqu'il va entrer en action, et reprend ensuite sa forme normale dès que Laura et lui le croient hors de vue de quiconque (par exemple, s'il s'isole ou se cache) : pour cette raison, personne ne se souvient de l'avoir vu arriver sur les lieux de ses crimes. Lorsqu'il se transforme en Lord Doom, les témoins ont l'impression qu'il vient d'arriver et ne se souviennent pas qu'un petit gros se trouvait à sa place l'instant d'avant.
L'illusion n'est pas seulement visuelle : "Lord Doom" a une voix caverneuse et puissante, son armure a un contact métallique, il émane de lui une odeur particulière (les témoins disent qu'il "sent la mort", sans pouvoir clairement définir ce qu'ils entendent par là), etc... Et surtout, il possède une partie des capacités du personnage d'Herbert à Blackstone : aura de peur, force surhumaine, capacité de l'armure à encaisser les coups, et attaque spéciale "mâchoires" ne fonctionnant que sur la gorge des victimes. L'épée quant à elle n'a pas de pouvoirs particuliers, c'est la force surhumaine de Lord Doom qui en fait tout le danger.

À noter qu'un personnage qui jouerait lui aussi à Blackstone Dungeon pourrait peut-être reconnaître Lord Doom, ce qui lui fournirait une piste originale pour identifier le tueur.


Peur sur la ville

Herbert choisit ses victimes parmi les élèves de son établissement. Il s'agit d'individus qui l'ont humilié d'une façon ou d'une autre : une brute qui le bouscule régulièrement dans la cour, une jolie fille qui a repoussé brusquement ses avances, un polard qui a de meilleures notes que lui, quelqu'un qui s'est un jour moqué de lui (ou dont Herbert a cru qu'il se moquait de lui), etc... Si l'un des personnages correspond à ce profil, vous pouvez en faire la victime potentielle du dernier meurtre.

Les meurtres ont toujours lieu de nuit (pour que Laura soit présente), un seul à la fois, à intervalles fixes (tous les deux jours ou tous les trois jours, au choix du MJ selon les capacités présumées de ses joueurs). Nous sommes en novembre et le soleil se couche relativement tôt.

Les personnages peuvent être impliqués de plusieurs façons : en apprenant la découverte du premier corps par le journal, en voulant venger l'une des victimes, en étant témoins d'une des tentatives de meurtre, ou autre. La résolution, qui passe par la confrontation avec Lord Doom et l'élimination d'Herbert et de Laura, peut survenir de trois façons différentes :
- soit les personnages, en situant sur le plan de la ville les lieux des précédents meurtres, devinent où aura lieu le suivant et se rendent sur place pour l'empêcher ;
- soit ils identifient le tueur comme étant Herbert et l'affrontent indépendamment des meurtres rituels (si la confrontation a lieu de jour, Laura ne pourra pas intervenir, mais de nuit, elle se tient généralement non loin de son pion pour éviter qu'il ne lui arrive malheur avant l'accomplissement du rituel) ;
- soit ils sont obtus, mais l'un d'eux est destiné à être la sixième et dernière victime, et ils se trouvent alors bien involontairement au centre de la scène...

Le premier meurtre a lieu sans témoin dans un quartier résidentiel périphérique. Herbert attaque sa victime qui rentre chez elle, entre l'arrêt de bus et le pavillon de ses parents. Le journal local publie un article dans lequel la blessure mortelle à la gorge est décrite et comparée, avec tout le lyrisme dont est capable la rubrique des chiens écrasés, à l'attaque d'un grand fauve.

Le second meurtre a lieu dans une petite rue du quartier piétonnier. L'article relatant la macabre découverte fait le parallèle avec le premier et évoque l'existence d'un tueur en série. Si les personnages se rendent sur place pour enquêter, ils peuvent finir par découvrir l'unique témoin, un clochard qui a assisté à la scène depuis le fond d'une ruelle où il passe ses nuits dans un tas de cartons, et qui pourra leur décrire Lord Doom.

Le troisième meurtre a lieu sur un parking d'hypermarché. Cette fois-ci, il y a plusieurs témoins, dont les récits seront synthétisés dans le journal. Il y a aussi des caméras de surveillance ; le crime a eu lieu hors champ, mais si on étudie les enregistrements, on peut voir Herbert parmi les nombreux clients.

Le quatrième meurtre a lieu près d'un cinéma, avec témoins, et caméra de surveillance d'une banque voisine qui a filmé la scène et montre clairement à qui aura l'idée de visionner la vidéo Herbert déchirant à belles dents la gorge de la victime. Accéder à la vidéo archivée dans la banque peut s'avérer être une véritable aventure dans l'aventure...

Le cinquième meurtre a lieu aux abords d'un stade. Des personnages normalement constitués devraient être sur place, et peuvent espérer intervenir pour empêcher le crime.

Le sixième et dernier meurtre a lieu en centre-ville, dans le jardin d'une vieille maison bourgeoise, au fond duquel se trouve la tombe de Richard (oubliée de tous, la pierre tombale servant depuis longtemps de banc). Sauf si la victime est l'un des personnages et se rend sur place de son plein gré, il est probable que Lord Doom doive s'emparer d'elle dans une rue proche et l'amener de force sur la tombe pour l'y sacrifier.


Le cauchemar final

Lorsque les personnages interviennent, ils auront à affronter non seulement Lord Doom, qui ne fera pas preuve de subtilité, mais aussi Laura, qui utilisera d'abord ses pouvoirs en restant cachée, et ne se montrera que si les personnages la débusquent ou si Lord Doom a le dessous. Si le sang de la sixième victime a arrosé la tombe de Richard (il faudra plus que quelques gouttes, mais la mort de la victime n'est pas nécessaire, une bonne hémorragie suffira), ce dernier sortira de terre pendant le combat et viendra prêter main forte à son amante (si les personnages n'interviennent pas, Laura tue Herbert avant de partir avec son amant retrouvé).
Tout ceci devrait permettre au MJ de mettre en scène un final intense à souhait...

Si Laura est éliminée avant Lord Doom, ce dernier perd tous ses pouvoirs surnaturels ainsi que son épée, et redevient aussitôt Herbert Martin.

Si les personnages ont été suffisamment doués pour éliminer Herbert avant le sixième meurtre, il leur restera, pour avoir pleinement réussi le scénario, à exhumer le corps de Richard Gisord pour le détruire définitivement.


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