MEGA

Bobo Coalas !


Ébauche de scénario pour MEGA, librement inspirée par l'actualité de l'époque (précisément par l'affaire fort peu reluisante du Probo Koala, fin août 2006), réalisée à l'origine pour le quinzième concours de scénarios de la Cour d'Obéron, et présentée ici dans une version mise à jour.
Le thème du concours était un port étrange(r), et l'élément imposé, une danse improvisée.

Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin...


Introduction

Toutes les missions accomplies pour le compte de la Guilde des MEGA ne sont pas forcément prestigieuses. C'est ainsi que le major MacLambert vient de constituer une équipe pour acheminer sur Cocody, à destination de l'agent fixe en poste à Cadiz, Stanislas Probo, du matériel en quantité importante (dont des médicaments et une omnijeep (en kit)). Le transit reste en effet pour la Guilde le moyen le plus rapide et le moins coûteux pour acheminer du matériel sur des mondes lointains. En outre, lorsqu'il s'agit comme ici d'accéder à une planète hors-AG, il permet d'échapper aux formalités douanières et à l'½il inquisiteur des gabelous.


Cocody

Cocody est une planète rattachée avec accord d'exploitation développement (AED), riche en minerais rares mais dont le niveau technologique correspond au mieux à nos années cinquante. Les indigènes sont des humanoïdes de type talsanit, mais il est relativement aisé de les distinguer d'un Terrien, par exemple.
La planète est balkanisée. C'est à Cadiz, ville portuaire située à l'embouchure du fleuve Bapaule et capitale de Coal (pays dont les habitants sont les Coalas), que se trouvent l'unique point de transit de la planète (sous un bâtiment du port) et la plate-forme pour les vaisseaux spatiaux (qui occupe le cordon littoral qui délimite la lagune de Cadiz).


Probo, Coala

Stanislas Probo est un MEGA talsanit originaire de Lonord, qui vit à l'indigène sur Cocody depuis plus de deux ans.
Afin de parfaire sa couverture, il a subi des interventions de chirurgie esthétique lui permettant de passer visuellement pour un autochtone : rien ne le distingue en apparence d'un authentique coala.


Une mission facilissime

La mission des personnages est des plus faciles, et aucun matériel particulier ne leur a été alloué pour l'accomplir : ils chargent le matériel à transporter sur leurs dos, se transitent vers Cadiz, déposent leurs fardeaux, prennent éventuellement en échange le "courrier" de Probo, le MEGA résident, et reviennent. Tout ceci ne devrait pas leur prendre plus de quelques minutes.
Mais en arrivant dans la salle souterraine blindée qui abrite le point de transit, les PJ ont la surprise de découvrir que le médibloc est occupé... et la très mauvaise surprise de constater qu'il contient un cadavre : celui de Probo.
D'après les indications affichées par l'appareil, Probo est mort depuis une douzaine d'heures, d'une intoxication massive qui aurait nécessité des soins plus lourds que ceux que pouvait lui prodiguer la machine, pourtant particulièrement performante. En s'intéressant de plus près à cette dernière, les PJ pourront remarquer que ses stocks de plasma sanguin, de sang artificiel, et de divers détoxicants, sont vides. L'enregistreur de l'appareil indique que ces substances ont été administrées à Probo, dans les quinze heures qui ont séparé son entrée dans le cocon du médibloc de sa mort.
Il est extrêmement rare qu'un patient placé en médibloc meure pendant les soins, et cette constatation ne devrait pas arranger le flip des PJ... d'autant plus que les médicaments qu'ils apportaient auraient sans doute pu permettre de sauver la vie de l'infortuné résident.

Une fois le décès constaté, les MEGA n'ont plus qu'à prévenir Norjane et à rapatrier le corps.


Une mission nettement moins facile

Devant le faible nombre de MEGA disponibles actuellement au Sanctuaire (ce qui n'a rien d'étonnant, quand on voit qu'on les affecte à de simples opérations de ravitaillement au lieu de les cantonner à des missions faisant mieux appel à leurs capacités...), MacLambert, qui gère l'affaire Probo, décide de renvoyer les PJ sur place pour mener l'enquête. L'autopsie a mis en évidence des concentrations tissulaires anormalement élevées en de nombreux contaminants, ainsi qu'une intoxication aiguë au trafigura qui est vraisemblablement la cause de la mort de Stanislas Probo. Soit ce dernier a été empoisonné (mais cela n'expliquerait pas la présence des autres contaminants), soit il a été victime d'une pollution majeure : la mission des PJ est donc double : d'une part, déterminer ce qui est réellement arrivé à leur collègue ; d'autre part, dans l'hypothèse d'une contamination à grande échelle, évaluer la situation et les besoins en secours, et organiser si possible une première antenne médico-environnementale en attendant l'arrivée des moyens lourds en provenance de l'AG (et si le profil de vos persos ne correspond absolument pas à cette dernière tâche, il est grand temps de réaliser que les MEGA sont des gens polyvalents au service d'une ONG que l'on retrouve sur tous les fronts, pas seulement des chasseurs de savants fous ou de renégats en cavale).
Le matériel de mission fourni par le service M comprendra donc d'importantes quantités de médicaments, nécessaires de décontamination, tenues de protection, analyseurs de milieu, etc... Et bien sûr, plusieurs bidons de marépolide, l'antidote du trafigura.
Une dernière précision : le trafigura est un composé trop complexe pour être synthétisé sur Cocody par l'industrie chimique locale.

Si les PJ se documentent sur le trafigura avant de retourner sur place, ils découvriront son utilisation par l'industrie minière ; et s'ils poussent leurs recherches dans cette direction, ils apprendront qu'une des entreprises de l'AG bénéficiant d'un AED sur Cocody se livre justement à ce genre d'activités...


Ce qui s'est passé

Des déchets toxiques ont été déversés dans les eaux du port de Cadiz et dans la lagune par une barge porte-conteneurs de la société R.I.K. (Roches et Industries Korbrez), une entreprise de l'AG qui bénéficie d'un accord d'exploitation développement avec le gouvernement de Coal pour exploiter des mines près du Bapaule, en amont de Cadiz.

Ces déchets sont des boues d'extraction du minerai de beheerite par un procédé nommé lixiviation : on injecte dans le filon certains produits chimiques (et tout particulièrement du trafigura) qui solubilisent le minerai, puis de l'eau pour l'entraîner par percolation : la beheerite est piégée lors du passage du liquide sur des résines chélatrices ; quant aux boues, fortement toxiques, elles sont récupérées dans des bacs de rétention et subissent ensuite un traitement d'épuration (soit sur place quand l'entreprise a construit une station de traitement (solution très onéreuse), soit dans une structure spécialisée sur une planète de l'AG) ; à moins qu'elles ne soient stockées sur des astres-poubelles, ce qui revient moins cher.
Du fait des quantités et des concentrations atteintes, les effets délétères seraient quasi-immédiats sur l'environnement alentour et sur le personnel travaillant sur le gisement, si les bacs de rétention n'étaient pas très régulièrement vidangés, les boues placées dans des conteneurs hermétiques acheminés par barge vers la plate-forme d'envol pour y être chargés à bord de vaisseaux qui les emportent vers l'AG.

Les termes du contrat signé entre R.I.K. et Coal dans le cadre de l'AED imposent que l'entreprise restitue à la planète, soit les boues traitées, soit une quantité égale de boues pures (pour le respect de l'équilibre des flux matières de Cocody, objet d'un des volets environnementaux de l'accord). Et même si les boues toxiques produites ne sont pas traitées mais simplement stockées, ces boues pures, abiotiques et à l'équilibre minéral bien défini, coûtent cher. R.I.K. a donc rapidement vu l'intérêt d'exporter le moins possible de boues toxiques.
Depuis des années, une partie de ces boues est déversée discrètement (mais en quantité sans cesse croissante) dans les eaux du port et dans la lagune, ce qui a entraîné une toxicité chronique sur les formes de vie locales (y compris sur les Coalas eux-mêmes, d'où le titre du scénario) : dépérissement et mutations de la faune et de la flore (et quand je parle de mutations, n'allez pas imaginer des délires à la Gamma World, hein !).
Récemment, le pollueur (un batelier travaillant pour une société locale de transport fluvial et côtier, à laquelle R.I.K. sous-traite celui de ses déchets, avec ordre d'en déverser une partie sur le trajet entre la mine et le spatiodrome), enhardi par l'absence de conséquences apparentes à ses agissements, a progressivement regroupé les doses déversées sur la portion du trajet qui correspond à la traversée de Cadiz par le fleuve, au lieu de bien les étaler (conformément aux instructions) tout au long du trajet. Lors du dernier transport, il a carrément tout déversé d'un bloc dans les eaux du port, contaminant ainsi la nature (la végétation des berges et les animaux marins n'y ont pas survécu) ainsi qu'une bonne partie des habitants de la ville, dont Stanislas Probo qui, comme quelques milliers de Coalas, en est mort (après avoir réussi à se traîner jusqu'à l'intérieur de son médibloc, ce qui lui aura au moins épargné le symptôme le plus visible de l'intoxication aiguë par le trafigura : des contractions spasmodiques saccadées et incontrôlables, donnant l'impression que le malade au stade terminal se livre à une chorée, véritable danse improvisée qui précède de peu le coma et la mort).


L'enquête

Si les PJ ont correctement préparé le volet enquête de leur mission, ils devraient privilégier la piste d'une contamination d'origine extra-planétaire, et s'intéresser aux activités des entreprises bénéficiant d'AED.

Parmi les pistes qu'il sera possible de suivre, mentionnons :

Le repérage des zones les plus polluées, directement contaminées par des dépôts de boues toxiques, pourrait permettre, en se renseignant auprès des riverains encore vivants, de remonter jusqu'au transporteur, et de là à son commanditaire.

R.I.K. a dû trafiquer sa comptabilité matière, afin que les quantités de boues toxiques produites correspondent sur le papier à ce qui est effectivement exporté. Lors de leur enquête, les PJ pourraient s'en rendre compte de différentes façons :
• s'ils calculent les rendements d'extraction, qui sont très élevés (beaucoup de minerai extrait par rapport à la quantité de boues produite, c'est-à-dire que le filon serait particulièrement riche et le procédé particulièrement efficient) ;
• s'ils étudient la composition des boues : sur le papier, elles sont extrêmement concentrées en déchets toxiques, puisque la quantité de solvants utilisée est importante par rapport au volume de boues produit ; mais l'analyse des boues effectivement sorties du site ne correspond absolument pas à ces calculs théoriques.

Au fur et à mesure que l'étau se resserrera, les coupables s'opposeront aux PJ, de moins en moins finement et de plus en plus violemment, en usant de subtilités du droit local et de leur influence auprès de la police locale, puis en louant les services de gros bras (dans un premier temps pour malmener les fouineurs, mais la violence pourrait monter jusqu'à des meurtres (ou du moins des tentatives de meurtre, dont il faut espérer que les MEGA réchapperont).

Et n'oubliez pas que la mission des PJ est double : ils sont aussi sur place pour commencer à secourir la population et à préparer la dépollution, en attendant l'arrivée (au bout de quelques jours) de vaisseaux spatiaux affrêtés par des organisations humanitaires dont le personnel pourra prendre plus efficacement le relais des MEGA. Il est donc possible que ces derniers soient confrontés à des choix cornéliens, entre l'humanitaire et leur enquête.


Épilogue

Une fois les preuves des agissements de R.I.K. rapportées par les PJ (et si possible les responsables donneurs d'ordres identifiés), la Guilde les portera à la connaissance des autorités galactiques, qui déclencheront l'intervention de la Garde fédérale. Les responsables seront arrêtés, l'activité de l'entreprise en Coal stoppée et son AED révoqué, et le procès qui s'ensuivra condamnera R.I.K. à dépolluer les sites contaminés par ses agissements, à indemniser les victimes et l'État coala, et à payer en sus de lourdes amendes. Quant aux autres entreprises ayant signé des AED avec Coal, elles subiront des inspections tatillonnes de la part des services officiels.


Quelques complications possibles

  • Plutôt que de découvrir Probo mort dans le médibloc, les PJ pourraient devoir se mettre à sa recherche à travers Cadiz, pour trouver son corps dans la morgue d'un des hôpitaux de la ville.
  • R.I.K. pourrait avoir corrompu des individus haut placés dans l'administration locale, voire des membres du gouvernement, afin qu'ils étouffent les enquêtes et actions citoyennes en rapport avec les déversements de boues toxiques. Ceci pourrait singulièrement compliquer la tâche des PJ...

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