Charles de Bourbon (1490 / 1527), le dernier des grands féodaux, connut une destinée tragique, passant du statut de seigneur le plus riche d'Europe, couvert de titres et de terres, pair de France, grand chambrier, connétable, gouverneur du Languedoc, à celui de vassal spolié, dépossédé de ses possessions et contraint de se rebeller contre son ancien suzerain dans la quête d'une réparation qu'il n'obtiendra pas.
Le connétable de Bourbon
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Biographie
Charles de Montpensier, futur duc de Bourbon et connétable de France, est né à Montpensier le 17 février 1490. Il est le deuxième fils de Gilbert, comte de Montpensier, dauphin d'Auvergne, baron de Mercœur et seigneur de Combrailles (1448 / 1496, mort du paludisme près de Pouzzoles en Italie), et de Chiara de Gonzagua (Claire de Gonzague), fille aînée du marquis de Mantoue. Montpensier est une branche cadette de la maison des Bourbon. La marraine de Charles est Anne de Beaujeu (1). Il aura au total deux frères et trois sœurs.
Son frère aîné Louis meurt lui aussi du paludisme, à l'âge de 18 ans, le 14 août 1501 à Pouzzoles, où il était venu s'incliner sur la tombe de leur père. Charles devient alors le chef du lignage des Montpensier, appelé par ses proches Charles Monsieur.
À douze ans, il fait partie des otages princiers réclamés par l'archiduc d'Autriche Philippe le Beau pour traverser la France vers l'Espagne.
En 1503, sa mère meurt à son tour, et Charles et son jeune frère François finissent par être confiés à Pierre (2) et Anne de Beaujeu, duc et duchesse de Bourbon, qui les établissent au château de La Chaussière (près de Vieure). Remarquant le potentiel du futur connétable, Anne de Beaujeu prend en charge son éducation et décide d'en faire son gendre.
Après avoir rompu les fiançailles de sa fille Suzanne de Bourbon-Beaujeu (née le 10 mai 1491) avec Charles, duc d'Alençon, elle fait célébrer les nouvelles fiançailles à Paris le 5 février 1505. Suit le mariage, près de Moulins, le 10 mai. Anne a fait en sorte que Charles de Montpensier devienne le chef de la maison de Bourbon.
Ce mariage fait de lui le seigneur le plus riche d'Europe. Il est duc de Bourbonnais, d'Auvergne et de Châtellerault ; comte de Clermont en Beauvaisis, de Montpensier, du Forez, de la Marche, de Gien et de Clermont en Auvergne ; dauphin d'Auvergne ; vicomte de Carlat et de Murat ; seigneur de Beaujolais, de Mercœur, du Roannais, de Combrailles, d'Annonay, de La-Roche-en-Rénier et de Bourbon-Lancy. Par son fief des Dombes, à l'est du Beaujolais, il est également vassal de l'empereur. Le tout représente plus de 26 000 kilomètres carrés.
Après son mariage, le nouveau duc de Bourbon vit sur ses terres, jusqu'en 1507 où il fait partie de l'armée française qui prend Gênes en avril. Il commande à cent hommes d'armes et à cent archers, tous levés sur ses terres, et fréquente les grands capitaines (Bayard, La Palice, d'Alègre). Au cours de cette expédition italienne, il contracte la fièvre tierce (paludisme) qui le contraint à s'aliter plusieurs semaines à Sienne, avant de rentrer à son château de Chantelle via Chambéry et Lyon.
La guerre reprend en 1509. Cette fois-ci, c'est avec 126 hommes d'armes et autant d'archers que Bourbon se rend en Italie. Le roi de France Louis XII lui confie en plus environ quatre mille hommes.
En campagne, Bourbon parvient quand même à mener une vie fastueuse (grâce à ses cuisiniers, il a probablement la meilleure table de toute l'armée !). Cela ne l'empêche pas de faire preuve d'un véritable génie militaire, en particulier le 14 mai à la bataille d'Agnadel, où la victoire sur les Vénitiens fut obtenue grâce à Bayard et à lui.
En 1511, les Français montent une nouvelle expédition en Milanais, pour repousser l'invasion organisée par le pape Jules II. Bourbon et Dunois mènent les opérations (mais ils ne s'entendent pas, le premier reprochant au second d'être trop défensif).
En septembre 1513, les Suisses envahissent la Bourgogne pour le compte de l'empereur Maximilien. Louis XII confie à Bourbon d'importantes troupes (16000 hommes d'armes, 4000 lansquenets, 3000 gens de pied) pour les faire partir. Bourbon obtient le retrait, mais il lui faut plusieurs mois pour restaurer l'autorité royale et l'ordre public. À la suite de ces faits, le roi le nomme connétable de France (la charge étant vacante) (3). Lorsqu'en 1515 François Premier montera sur le trône, il confirmera Bourbon dans cette fonction (le 12 janvier).
Bourbon s'attelle aussitôt à une remise en ordre de l'armée. Il a aussi le souci d'éviter les pillages et dévastations des pays traversés. Il est l'un des premiers à vouloir imposer l'uniforme (chacun devant porter la livrée ou l'écusson de son capitaine). Mais toutes ses réformes (qui contrastent avec le désordre des autres armées de l'époque) ne seront pas réalisées.
Bourbon se mêle aussi de politique : il marie sa sœur au duc Antoine de Lorraine, favorisant le rapprochement de cette dernière avec la France, et renforce les liens avec la république de Gênes.
En 1515, Bourbon participe à l'expédition d'Italie avec le nouveau roi François Ier, jouant un rôle important dans la célèbre victoire de Marignan (mais perdant son frère François dans la bataille) le 14 septembre, et la prise de Milan (le 4 octobre).
En janvier 1516, le roi rentrant en France laisse en Milanais 6000 lansquenets et 4000 aventuriers français, sous les ordres du connétable auquel sont conférés des pouvoirs presque équivalents à ceux d'un vice-roi. Devant l'imminence d'une attaque de l'empereur Maximilien, Bourbon fait fortifier Milan et négocie le soutien du capitaine suisse Albert de la Pierre.
L'armée impériale s'étant retirée, Bourbon regagne la France en juin 1516 (4), remplacé en Milanais par Odet de Foix, seigneur de Lautrec (ami du roi et jaloux du connétable).
En juillet 1517, Suzanne de Bourbon accouche d'un fils, François, dont le roi sera le parrain. Mais ce fils meurt en 1518. À nouveau enceinte, Suzanne accouche de jumeaux morts-nés, tombe malade, et malgré une rémission début 1520, finit par mourir le 28 avril 1521. Elle est inhumée à Souvigny (le Saint-Denis des Bourbon).
De 1517 à 1521, Bourbon vit entre le Bourbonnais et la Cour (qui se tient selon les périodes à Paris, Blois, Amboise ou Cognac). Il mène un train fastueux (5) mais n'a que peu d'importance politique réelle. En juin 1520, il participe au fameux Camp du Drap d'Or. Après cet évènement, sa mise à l'écart par le roi devient manifeste.
En 1521, lors de la campagne de Picardie contre Charles Quint (qui a succédé à Maximilien en 1519), François Ier donne le commandement de l'avant-garde à son beau-frère le duc d'Alençon (l'ancien fiancé de Suzanne de Bourbon). Bourbon (dont c'était la prérogative en tant que connétable) le vit très mal, mais ne dit rien.
Cette campagne est en demi-teinte ; les seuls hauts faits y sont l'œuvre de Bourbon (prise des places de Bouchain et d'Hesdin). (6)
Après la mort de Suzanne, Bourbon se retire en Bourbonnais. Mais de gros ennuis vont s'abattre sur lui.
Au mépris du droit de l'époque (7), un parti ayant à sa tête le roi et sa mère Louise de Savoie va s'acharner à le déposséder de ses fiefs, dont cette dernière prétend qu'ils doivent lui revenir. Outre le roi et sa mère, on retrouve dans ce parti le duc d'Alençon ; Guillaume Gouffier, seigneur de Bonnivet (amiral de France (c'est à dire commandant en chef), mais incompétent) ; Semblançay (surintendant des finances depuis 1519, homme de confiance et trésorier de Louise de Savoie) ; et le chancelier Antoine Duprat (qui aurait poussé Louise de Savoie à proposer le mariage à Bourbon désormais veuf) (8).
En 1522, à la demande de Louise de Savoie, Duprat fait commencer le procès du connétable. Bourbon est soutenu par Anne de Beaujeu ; leurs avocats sont Bouchard et Montholon. Poyet est l'avocat de Louise de Savoie, l'avocat-général Lizet celui du roi.
Le procès était joué d'avance. François Ier n'en attend même pas la fin pour saisir les Marches, Gien, Carlat et Murat, et les donner à sa mère.
Anne de Beaujeu meurt le 14 novembre 1522. Bourbon, comprenant qu'il n'obtiendrait pas justice, commence à envisager la rébellion (9). Il change sa devise Espérance (celle des Bourbon) en Omnis spes in ferro est (10).
En mars 1523, Bourbon effectué sa dernière mission pour François Ier : éliminer les bandes de pillards ravageant la Champagne et la Brie.
Cette même année, le Parlement casse le testament de Suzanne et en attribue l'héritage à Louise ; Bourbon perd tous ses biens, sauf le fief de Montpensier.
Quelques semaines après la mort de Suzanne, Charles Quint avait fait proposer à Bourbon (par son ambassadeur à la Cour de France, le prévôt d'Utrecht Philibert Naturelli) le mariage avec l'une de ses sœurs (Éléonore, veuve du roi du Portugal, ou Catherine). En 1522, Bourbon recontacte l'empereur (par l'intermédiaire de son vassal Saint-Bonnet d'Escars, seigneur de la Vauguyon et sénéchal du Bourbonnais). Il lui propose d'engager 500 hommes d'armes et huit à dix mille hommes de pied dans une éventuelle coalition contre François Ier rassemblant Charles Quint et Henri VIII d'Angleterre. Le 18 juillet 1523, un accord est finalement signé à Montbrison avec Adrien de Croy, seigneur de Beaurain, second chambellan de Charles Quint (11).
Dès lors, Bourbon commence à s'organiser. Le sire de Lurcy est chargé de préparer la descente anglaise en Normandie. Lui-même prend des précautions militaires dans tous ses États, fait organiser des recrutements d'hommes, envoie l'évêque du Puy Antoine de Chabannes en Savoie pour y convaincre le duc de se rallier à l'empereur.
Mais informé de l'agitation suspecte du connétable, François Ier se rend à Lyon, en prenant forces précautions pour traverser le Bourbonnais. Il voit Bourbon à Moulins, soi-disant malade d'un accès de fièvre, et laisse Pérot de La Bretonnière, seigneur de Warthy, pour le surveiller (12).
À Lyon, il finit par faire arrêter les proches du connétable (Jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, comte de Valentinois, le père de Diane de Poitiers ; Antoine de Chabannes ; etc...), et renvoie Warthy à Moulins pour exiger de Bourbon qu'il se rende à Lyon pour se justifier. Simultanément, il fait investir les terres du connétable.
Bourbon reçoit sir John Russel, envoyé spécial d'Henri VIII, à Gayette dans la nuit du 6 au 7 septembre 1523. Ils signent un document complétant le traité passé avec Charles Quint. Malgré toutes ses tentatives pour y couper, Bourbon est obligé de reconnaître Henri VIII comme roi de France légitime.
Le connétable se réfugie alors à Chantelle (sa meilleure forteresse), envoie quelques lettres (au roi, à Louise de Savoie, etc...) (13), et quitte Chantelle de nuit le 8 septembre, accompagné d'environ 300 cavaliers (et paraît-il de 25 à 30 000 écus). Lui-même est monté sur sa mule, de plus en plus malade en apparence, ce qui contraint le convoi à s'arrêter au château d'Herment.
Là il fausse compagnie à son escorte en faisant répandre le bruit qu'il est parti nuitamment, avant de sortir de sa cachette et de reprendre sa route avec un groupe réduit (son bras droit Joachim de Pompérant, son intendant Goudinières, son médecin Jean de l'Hospital, et deux valets de chambre, Guinot et Bartholomé). Pompérant joue le rôle du seigneur et Bourbon, habillé comme un marchand, se fait passer pour un simple voyageur.
François Ier fait annoncer sa "trahison" et mettre sa tête à prix (dix mille écus d'or).
Le groupe de Bourbon se dirige tout d'abord vers l'Espagne via le Languedoc, mais doit rebrousser chemin en raison des risques et passe en Vivarais, franchit le Rhône de Dance à Vienne, traverse le Viennois et arrive finalement en Franche-Comté (qui appartient à l'Empire).
Le 9 octobre, Bourbon est à Besançon. Là il aurait reçu la visite d'un émissaire de François Ier, Jean Petitdé, qu'il renvoie sans accepter de se soumettre.
Bourbon gagne alors l'Italie en décembre. À Plaisance, il rencontre le vice-roi de Naples, Charles de Lannoy, ami d'enfance de Charles Quint et son proche conseiller. Celui-ci ne croit pas à la capacité de Bourbon à renverser François Ier, et le cantonne à des fonctions militaires tout en le surveillant. Sa situation est désormais ambigüe, et en tous cas pas celle à laquelle il s'attendait. Sans commandement, entouré seulement de quelques proches fidèles, il en est réduit à vendre ses bijoux et à dépendre des bonnes grâces de l'Empire.
Début 1524, Charles Quint nomme Bourbon lieutenant-général des armées impériales en Italie. Les deux hommes ne se sont toujours pas rencontrés (14), malgré les tentatives du connétable pour relancer le projet d'invasion de la France.
Dans ses nouvelles fonctions, Bourbon repousse les Français hors du Milanais (le 30 avril 1524, il est présent auprès de Bayard agonisant).
Le 25 mai, des dispositions sont prises pour l'invasion de la France par les coalisés : Bourbon doit envahir la Provence depuis l'Italie, Charles Quint passera par le Roussillon, et Henri VIII marchera sur Paris en compagnie d'une armée venue des Pays-Bas. Bourbon est contraint de prêter serment à Henri VIII (via son secrétaire d'État, sir Richard Pace).
L'invasion de la Provence commence le premier juillet, sous la direction de Bourbon et du marquis de Pescara, capitaine-général. Les villes se rendent les unes après les autres, et le 9 août, après avoir reçu les clés de la ville d'Aix-en-Provence, Bourbon prend le titre de comte de Provence. Le 19 août, il commence à investir Marseille, mais la ville résiste et le 29 septembre, Bourbon ordonne la retraite vers l'Italie. Ni Charles Quint ni Henri VIII ne se sont mis en marche.
Lannoy envoie alors Bourbon effectuer une levée de lansquenets dans l'Empire. Dans le Tyrol, le connétable rencontre Georg Frundsberg (1473 / 1528), général de lansquenets réputé et luthérien fanatique. Les deux hommes avancent les fonds nécessaires au recrutement (15).
Le 10 janvier 1525, Frundsberg et Bourbon arrivent à Lodi avec leurs lansquenets, qu'ils ne peuvent pas payer, attendant toujours l'argent de l'empereur. Le 26 janvier, l'armée part pour Pavie.
La bataille de Pavie a lieu le 24 février. Elle oppose 25 000 Impériaux à 30 000 Français, bénéficiant de conditions plus favorables, mais mal commandés. Cette bataille, au cours de laquelle Pescara cantonne Bourbon dans un rôle mineur, voit la mort de La Palice, de l'amiral Bonnivet, et la capture de François Ier.
Avec François Ier prisonnier de Lannoy, Bourbon est en mesure de voir exécuter l'accord de juillet 1523 (retrouver la totalité de ses domaines et épouser Eléonore de Portugal) ; ce dessein nécessitant une habileté diplomatique autre que celle du connétable, celui-ci s'attache les services de Gerolamo Morone, jurisconsulte milanais (né en 1471).
Par ailleurs, il tente une nouvelle fois de relancer le projet d'invasion de la France.
Le 15 novembre 1525, Bourbon se rend en Espagne où Charles Quint l'accueille royalement... avant de le convaincre de renoncer à la main d'Eléonore (qui épousera François Ier !) et lui promet en échange le duché de Milan. Bourbon réalise alors qu'il n'est qu'un pion dans un jeu diplomatique qui le dépasse.
Le 5 juillet 1526, Bourbon arrive à Milan avec le titre de capitaine-général de l'armée de l'Empire en Italie. Il doit reprendre en main le Milanais, mais n'a pas d'argent pour payer ses troupes (il lui faudrait 30 000 ducats par mois !). Il est obligé de ponctionner les habitants.
À l'automne, Charles Quint lui envoie 200 000 ducats, mais lui fait partager son commandement avec le duc de Ferrare.
Après une nouvelle ponction financière des habitants de Milan, Bourbon quitte la ville le 2 janvier 1527 et rejoint Frundsberg le 9 février : il se retrouve alors à la tête d'une armée de 25 000 hommes qui va marcher sur Rome.
Pendant ce temps, le pape Clément VII négocie avec Lannoy ; le 15 mars, un traité est signé dans lequel (entre autres) Lannoy s'engage à faire se replier l'armée de Bourbon.
Mais sans argent, ce dernier ne contrôle plus ses troupes, que le mécontentement gagne. Le même jour éclate une rébellion. Frundsberg, frappé d'apoplexie, est désormais incapable de continuer à exercer son commandement : Bourbon perd son meilleur général.
Pour se débarrasser de ces soldats qui ravagent ses terres, le duc de Ferrare offre un ducat par homme. Bourbon quant à harangue ses troupes en leur faisant miroiter les richesses avec lesquelles ils seront amplement dédommagés en pillant Rome.
L'armée se constitue en une république militaire qui élit douze soldats pour la représenter auprès de Bourbon.
Sur ces entrefaites, leur parvient la nouvelle du traité du 15 mars, et l'annonce que le trésor impérial ne pourra dégager que 50 000 ducats pour solder les troupes. La fureur remonte, et cette fois-ci Bourbon ne fait rien pour calmer ses troupes. Il réunit ses capitaines en présence de Ferramosca, l'envoyé de Lannoy qui apporte ces mauvaises nouvelles. Tous sont d'avis de continuer de marcher sur Rome, à l'exception d'un seul, le marquis del Vasto. Bourbon renvoie alors Ferramosca (qui manque d'être lynché), et del Vasto et ses familiers quittent le camp (mais la plupart de ses troupes choisit de rester).
Le 30 mars, l'armée bourbonienne reprend sa marche vers le sud. Lannoy promet cent mille ducats pour qu'elle fasse demi-tour, mais quand il parvient finalement à rencontrer Bourbon le 21 avril (jour de Pâques), celui-ci exige plus du double. Comprenant qu'il n'y a plus rien à faire, Lannoy repart.
Le 26 avril, Bourbon campe à une trentaine de kilomètres de Florence, y provoquant des émeutes (les habitants reprochant aux Medicis d'avoir négligé les défenses).
Le 5 avril, l'armée bourbonienne est en vue de Rome, qu'elle attaque le 6 avant l'aube.
Bourbon est tué pendant l'assaut : touché à l'aine par un coup d'arquebuse en escaladant un rempart, il tombe de son échelle et meurt quelques minutes plus tard. Pour le venger, ses troupes pillent la ville, et portent son corps dans la chapelle Sixtine où ils défilent et s'inclinent devant lui.
Philibert de Chalon, prince d'Orange, qui était à la tête de l'avant-garde et avait pris le commandement à la mort de Bourbon, fit embaumer le corps avant de le faire enterrer dans la chapelle du château de Gaète (près de Naples).
Feuille de personnage GURPS
Les données techniques qui suivent sont conformes aux règles officielles du jeu et n'incorporent aucune de mes propres modifications (à l'exception du désavantage Accès de paludisme créé pour l'occasion).
ST : 10 [0]
DX : 11 [10]
IQ : 12 [20]
HT : 10 [0]
Appearance : Attractive [5]
Wealth : filthy rich [50]
Status : 6 (connétable) [15] (bonus dus à Wealth et Military Rank compris)
Ally : Anne de Beaujeu [10]
Fashion Sense [5]
Literacy [5] (en considérant que le default est Semi-literate)
Military Rank : 8 [40]
Patron : François Premier [30]
Strong Will : level 1 [4]
Duty (roi de France) [-10]
Sense of Duty (roi de France) [-10]
Accès de paludisme [-10] (sur un jet de 3D6 inférieur à 6, Bourbon est victime d'une crise de paludisme (voir les effets dans le Compendium II page 170))
Quirk : Proud [-1]
Quirk : pas très diplomate [-1]
Quirk : porte toujours sur lui autour du cou un fragment de la Vraie Croix, enchâssé dans un petit reliquaire [-1]
Accounting : 10 [1]
Acrobatics : 9 [1]
Administration : 14 [6]
Animal Handling (Horses) : 11 [2]
Appreciate Beauty : 14 [16]
Area Knowledge (Bourbonnais) : 15 [6]
Area Knowledge (autres fiefs) : 15 [6]
Area Knowledge (Italie du nord) : 15 [6]
Area Knowledge (France) : 14 [4]
Black Powder Weapons (Matchlock Musket) / TL 4 : 13 [1] (bonus dû à IQ compris)
Bow : 11 [4]
Brawling : 10 [½]
Broadsword : 11 [2]
Carousing : 9 [1]
Chess : 11 [½]
Dancing : 9 [½]
Engineer (Combat Engineering) / TL 4 : 11 [2]
Falconry : 10 [½]
Hiking : 10 [2]
History : 11 [2]
Lance : 9 [½]
Language (French) : 12 [0] (langue maternelle)
Language (German) : 10 [½]
Language (Italian) : 12 [2]
Language (Latin) : 11 [1]
Law : 10 [1]
Leadership : 17 [12]
Literature : 12 [4]
Mathematics : 9 [½]
Navigation / TL 4 : 12 [4]
Orienteering : 12 [2]
Philosophy (Philosophie judéo-chrétienne) : 9 [½]
Polearm : 9 [½]
Politics : 11 [1]
Riding (Horse) : 13 [8]
Running : 8 [1]
Savoir-Faire : 14 [4]
Savoir-Faire (Military) : 16 [8]
Sports (Jeu de paume) : 10 [1]
Strategy : 18 [16]
Tactics : 18 [16]
Two-Handed Sword : 9 [½]
Wrestling : 9 [½]
Point Total : 319 pts
Il s'agit ici du vainqueur de Marignan (en 1515). Pour celui de Pavie (en 1525), appliquer les modifications suivantes :
Wealth : comfortable [10]
Status : 3 (lesser lord) [5] (bonus dû à Military Rank compris)
Military Rank : 7 [35]
Anne de Beaujeu est morte, mais Bourbon bénéficie d'un Ally Group : Georg Frundsberg et ses lansquenets [15]
Bourbon ne fait plus allégeance au roi de France, mais à l'empereur : Patron : Charles Quint [30] et Duty (empereur) [-10] remplacent leurs équivalents précédents. Le Sense of Duty disparaît.
Enemy : Louise de Savoie et François Premier [-40]
Obsession : récupérer la totalité de ses domaines [-10] (16)
Leadership : 18 [14]
Strategy : 19 [18]
Tactics : 19 [18]
Point Total : 219 pts
Je n'ai pas considéré qu'une Reputation significative (en termes de jeu) s'appliquait.
Les domaines de Bourbon
En rose, les domaines de Bourbon (en rose foncé, les Dombes, dans l'Empire)
Rencontrer Charles de Bourbon
Physiquement, Charles de Bourbon est un homme bien bâti, mesurant 1m85, bien découplé et d'une prestance hors du commun (17). Sa barbe est noire.
Cette prestance, le luxe et la beauté de ses habits, ceux de son équipage et de sa suite, font toujours de lui le plus remarquable dans une réunion de noblesse.
Bourbon est un personnage qui aura marqué son époque. Le rencontrer peut-être une expérience à vivre pour des personnages de cette période, ou des voyageurs temporels bien sûr.
Bourbon pourrait être rencontré par les personnages dans divers lieux et circonstances : par exemple : à sa cour de Moulins, ou dans l'une de ses demeures (Chantelle, par exemple) ; à la Cour de France ; pendant sa fuite incognito vers la Franche-Comté ; ou bien entendu dans l'armée ou sur un champ de bataille.
Bourbon constitue également une figure intéressante pour le jeu Te Deum pour un massacre, bien que le cadre de celui-ci (les guerres de religion) se situe quelques décennies après la mort du connétable.
De même, la période couverte par Swashbucklers ne commence qu'en 1559...
Et il est encore plus difficile de l'intégrer à des jeux comme Flashing Blades, dont l'action est censée se dérouler au siècle suivant.
Que se serait il passé si... ?
Suzanne de Bourbon était initialement fiancée à Charles d'Alençon.
Qu'aurait il pu se passer si ce mariage avait eu lieu ? D'Alençon aurait il été aussi puissant que Bourbon ? Aurait il pu donner un héritier mâle viable à sa femme ? Aurait il été spolié lui aussi de ses fiefs ?
Quant à Charles de Montpensier, il serait resté petit noble, mais cela l'aurait il empêché de devenir un grand chef de guerre ? Serait il devenu connétable ? Aurait il été le bras armé de François Ier contre d'Alençon, duc de Bourbon dont la puissance faisait de l'ombre à la Couronne ? Ou bien, son éducation n'ayant pas été aussi soignée par Anne de Beaujeu, n'aurait il eu aucun intérêt ou aucun don pour l'art de la guerre ? Et dans ce cas, qui aurait gagné à Agnadel ? Et à Marignan ?
Le prétexte invoqué pour confisquer les domaines de Bourbon était l'absence d'héritier mâle à la mort de Suzanne.
Qu'aurait il pu se passer si le petit François de Bourbon avait vécu ? Louise de Savoie et François Ier auraient il pris un autre prétexte pour saper la puissance de cet encombrant vassal qu'était le connétable ?
Et dans ce cas, François devenu grand aurait il cherché à se venger de la spoliation dont sa famille avait été victime ? L'aurait il fait en mettant son épée au service de l'empereur, ou par le jeu d'intrigues politiques ?
Si par contre le roi était resté correct vis à vis du connétable, les guerres d'Italie auraient probablement pris une toute autre figure... Les Français commandés par Bourbon auraient ils pu remporter la bataille de Pavie ? Rester durablement en Italie du nord ?
Le retour de Milan du connétable en juin 1516 parait mystérieux. François Ier était il déjà désireux de lui rogner les ailes et de limiter sa puissance ?
Qu'aurait il pu se passer si en 1516, Bourbon était resté à Milan ? Aurait il ajouté durablement le Milanais à la couronne de France ? Serait il resté en bons termes avec le roi ? Et dans la négative, aurait il essayé de se tailler un royaume en Italie du nord ? Quelles auraient été ses relations avec l'empereur ? le pape ? les Suisses ? ses autres voisins ?
De nombreux témoignages portent à croire que Louise de Savoie aurait voulu se remarier avec Bourbon (peut-être même avant que celui-ci n'épouse Suzanne).
Qu'aurait il pu se passer si Bourbon avait épousé la mère du roi en 1521 ? Ses fiefs seraient ils allés en douceur à la Couronne, sans que lui-même ne soit spolié ?
Et s'il l'avait épousée en 1505, au lieu de se marier avec Suzanne ? Aurait il fait partie de ceux qui se seraient acharnés contre d'Alençon, duc de Bourbon, veuf de Suzanne de Bourbon à laquelle il n'avait pas pu donner d'héritier mâle ?
Charles Quint avait appâté Bourbon en lui promettant la main d'une de ses sœurs.
Qu'aurait il pu se passer si Bourbon avait épousé en 1523 ou 1524 Eléonore d'Autriche, veuve du roi Manuel de Portugal ? Charles Quint aurait il donné suite aux plans d'invasion de la France par une coalition à trois ? Ou bien l'Histoire se serait elle avérée plastique, et Eléonore se serait elle remariée avec François Ier en 1531, son deuxième mari étant mort quatre ans plus tôt sous les murs de Rome ?
Et que se serait il passé si le mariage entre Bourbon et Eléonore avait eu plus tard, en 1526 par exemple ? Les plans d'invasion aurait ils toujours été à l'ordre du jour ?
Bourbon serait il devenu grand d'Espagne ?
L'accord du 18 juillet 1523 prévoyait une invasion de la France par une triple coalition.
Qu'aurait il pu se passer si cet accord avait été respecté ? Bourbon aurait il réussi un soulèvement contre François Ier ? Aurait il récupéré ses terres ? Henri VIII serait il devenu roi de France ? Et où aurait il régné : à Londres, ou à Paris ?
En 1524, après être entré dans Aix-en-Provence, Bourbon avait le choix entre prendre Marseille ou se diriger sur Lyon.
Qu'aurait il pu se passer s'il avait choisi d'aller vers Lyon ? Cela aurait il décidé Charles Quint et Henri VIII à intervenir enfin ? Aurait il pu prendre Lyon ? Aurait il pu y faire prisonnier François Ier ?
Gilbert de Montpensier avait reçu du roi de France Charles VIII l'archiduché de Sessa (une principauté du royaume de Naples). Il avait perdu cette seigneurie quand les Français avaient été chassés de ce royaume, mais en 1519 après la mort de Ferdinand de Naples, Bourbon avait fait valoir ses droits auprès de Charles Quint, le nouveau roi d'Espagne, en lui envoyant une ambassade avec des cadeaux.
Qu'aurait il pu se passer si Charles Quint l'avait alors rétabli dans ce domaine ? Se serait il retiré là-bas en 1523, au lieu de devenir un chef de guerre sans terre ? Aurait il essayé de prendre une part active dans la politique italienne ?
Et n'oublions pas que par sa mère, il a de la famille en Italie. En faisant jouer des appuis familiaux, aurait il pu se tailler en Italie un domaine comparable à celui dont il avait été spolié en France ?
Bourbon est mort devant Rome, victime d'un coup d'arquebuse, que certains attribuent à l'orfèvre Benvenuto Cellini (mais l'identité du meurtrier reste sujette à caution).
Qu'aurait il pu se passer si Bourbon n'avait pas été tué pendant l'assaut ? Se serait il proclamé roi de Rome ? Serait il devenu le chef d'une bande de pillards ravageant la péninsule italienne ?
D'autres évènements de la vie de Bourbon peuvent eux aussi servir à ce genre d'exercices uchroniques.
Bibliographie
Parmi les principales sources consultées pour réaliser cette page, on peut citer :
BRÉGEON Jean-Joël : Le connétable de Bourbon (éditions Perrin, 2000).
LEGUAI André (sous la direction d') : Nouvelle histoire du Bourbonnais, Tome I (éditions Horvath, 1985).
Notes
1 : Anne de France ; née en avril 1461, fille du roi Louis XI, elle fut régente de 1483 à 1491 et mériterait assurément d'avoir elle aussi son portrait dans cette galerie.
2 : Pierre de Beaujeu, né le premier décembre 1438, meurt peu après, le 10 novembre 1503.
3 : Premier dignitaire de la Cour, le connétable est chargé de l'avant-garde quand le roi conduit lui-même son armée, il est le chef suprême de cette dernière en l'absence du souverain. Il est aussi conseiller du roi, qui ne doit pas ordonner de fait de guerre sans l'avoir préalablement consulté (si cela est possible). Lors du sacre du roi à Reims, c'est le connétable qui porte l'épée royale et la présente au public.
La charge s'accompagne d'avantages financiers : une allocation de 24000 livres par an ; en campagne, les frais de bois, chandelles, vin, avoine, paille, sont à la charge du roi ; le connétable est propriétaire des armures restées sur le champ de bataille, et de tout ce qui se trouve dans les villes et places fortes conquises (sauf l'or et les prisonniers, qui reviennent au roi, et les objets en métal, au grand maître de l'artillerie) ; enfin, il lui revient une journée de la solde de tous les officiers servant dans les armées, et le cheval et les armes de ceux qui quittent l'armée sont sa propriété.
En contrepartie, le connétable a bien entendu des responsabilités : sa juridiction (la connétablie et maréchaussée de France) lui donne des pouvoirs disciplinaires sans appel pour juger les délits et crimes des gens de guerre.
L'insigne de connétable est une épée, solennellement remise par le roi.
4 : Rappelé par François Ier selon certaines sources, quittant son commandement de son plein gré selon d'autres.
5 : Cette magnificence, qui va jusqu'à éclipser celle du roi lui-même, revient cher à Bourbon ; après avoir sollicité infructueusement le roi, il doit demander "l'aumône" à ses sujets. Il a pourtant la reçu la charge de gouverneur du Languedoc, qui s'accompagne d'un revenu de 24 000 livres.
6 : Certains historiens pensent que l'inaction de François Ier lors de cette campagne est due à la volonté de contrarier Bourbon.
7 : Sans vouloir entrer dans des détails juridiques plus ou moins complexes : le fief du Bourbonnais était reconnu fief féminin, et ne suivait pas la loi salique excluant les filles de la succession de leur père ; Anne de Beaujeu avait pris des dispositions pour que ses fiefs et ceux de son mari ne retournent pas à la Couronne (en particulier l'annulation de la clause du contrat de mariage selon laquelle il y aurait retour à la Couronne en l'absence d'héritier mâle ; le roi Louis XII a accordé au duc et à la duchesse de Bourbon qu'à défaut d'héritier mâle, les duchés de Bourbon et d'Auvergne seraient dévolus aux filles (mai 1498), puis a renoncé à exercer des revendications sur la succession de la maison de Bourbon (août 1498) ; le testament de Suzanne (en date du 15 décembre 1519) institue son époux comme héritier universel ; le testament d'Anne de Beaujeu institue Bourbon comme héritier universel.
Les anti-bourboniens quant à eux prétendaient que le legs d'Anne de Beaujeu à Bourbon constituait un apanage qu'elle avait reçu de son père, le roi Louis XI.
8 : Certains historiens réduisent en quelque sorte à une sombre histoire d'amour d'une veuve pour un jeune homme de quatorze ans plus jeune qu'elle ce dramatique épisode de l'Histoire de France. Ce serait d'avoir été éconduite par Bourbon qui aurait déterminé Louise de Savoie à causer sa perte.
9 : "Toute sa conduite prouve d'une façon formelle qu'il hésita jusqu'à la dernière minute." (A. Lebey, Le connétable de Bourbon 1490-1527, Perrin, Paris 1904).
10 : Tout mon espoir est dans le fer.
11 : Charles Quint promet une de ses sœurs à Bourbon, avec une dot de 200 000 écus.
Bourbon s'engage à donner en douaire à sa future épouse le Beaujolais (d'un revenu de 20 000 écus). Il fait allégeance exclusive à Charles Quint et s'engage à prendre la tête d'un soulèvement armé contre François Ier (soulèvement dont il assure qu'il va gagner une bonne partie de la noblesse et des villes).
Charles Quint attaquerait en Languedoc avec plus de 40 000 hommes. En même temps, Henri VIII débarquerait avec 15 000 fantassins, 1600 cavaliers et de l'artillerie, et serait rejoint par mille fantassins et trois mille gens d'armes venus des Pays-Bas. Bourbon attaquerait avec ses propres forces et dix mille lansquenets venus de l'Empire par la Franche-Comté. L'offensive sera lancée quand François Ier quittera Lyon pour l'Italie avec son armée.
12 : Warthy passera son temps à faire des aller-retours entre Moulins et Lyon.
13 : Leur porteur (Jacques Hurault, évêque d'Autun) sera arrêté avant de voir le roi.
14 : Sans doute Charles Quint ne tenait il pas spécialement à marier une de ses sœurs à Bourbon...
15 : Bourbon a apparemment dû emprunter au duc de Savoie, influencé par sa femme Béatrix de Portugal, acquise à l'Empire.
16 : Optionnellement, cette obsession peut être transformée en "reconstituer un grand royaume occidental (analogue à la Lotharingie)" [-15] ; mais rien ne prouve la véracité d'une telle supposition.
17 : Ce qui contraste avec sa femme Suzanne, chétive.