Idoru


Ébauche de scénario pour contexte cyberpunk ou post-cyberpunk, réalisée à l'origine pour le dix-septième concours de scénarios de la Cour d'Obéron, et présentée ici dans une version mise à jour.
Le thème du concours était la vengeance d'une / des idole(s), et l'élément imposé, perte(s) de mémoire(s).


Ce scénario est conçu pour un univers hard science futur proche (cyberpunk ou post-cyberpunk) possédant les caractéristiques suivantes :

  • une Matrice informatique hyperdéveloppée, digne héritière de notre World Wild Web ;
  • pas d'intelligence artificielle (Transhuman Space est donc trop évolué).
  • Le titre du scénario, qui signifie idole en japonais, est piqué au roman éponyme de William Gibson. Le premier intertitre est le titre d'une nouvelle de Brian Aldiss.

    Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin...


    Les supertoys durent tout l'été

    Asao Kyoko est une star virtuelle lancée en mai dernier par un studio de Vancouver, Attitude Productions, et animée par un programme de "personnalité virtuelle" (qui gère ses actions, ses relations "publiques" (par Matrice interposée), etc...). Chanteuse et mannequin à la mode, elle se présente sous l'apparence d'une jeune fille japonaise à la fois "classique" et branchée, qui parle à la fois aux jeunes résolument modernes du monde entier et aux vieux pervers amateurs d'adolescentes asiatiques en tenue d'écolière. Ses chansons (diffusées sur la Matrice) et ses apparitions dans diverses émissions en ligne, sans oublier les produits dérivés (fringues "griffées", divers objets portant l'image de la star, jeux vidéo, et jusqu'à des choses faussement présentées comme "pirates" comme les simulations pornographiques), rapportent un fric fou aux actionnaires d'Attitude Productions, et permettent aux employés du studio de gagner à peu près leur vie.

    Max Hobilar, l'un des programmateurs qui l'ont créée, en a profité pour tester quelques idées novatrices d'améliorations des programmes de personnalité virtuelle ; et le résultat a dépassé ses espérances, puisqu'il a abouti (sans qu'aucun des "parents" de Kyoko ne s'en soit rendu compte) à la création d'une intelligence artificielle (IA). Kyoko est réellement autonome, capable de penser par elle-même et d'apprendre ; elle s'est dupliquée dans la Matrice, et sans qu'ils s'en soient rendu compte, elle a acquis une indépendance totale à l'égard de ses créateurs (d'une certaine façon, elle ressemble à Reno dans Câblé de Walter Jon Williams).


    Kyoko date...

    Nous sommes désormais en automne et, les phénomènes de mode étant ce qu'ils sont, Kyoko a récemment été "mise au placard" : supplantée à la rentrée de septembre par Kaji Hitomi, nouvelle star virtuelle créée par les concurrents de chez Headroom Studio, elle est considérée comme ringarde par ses créateurs, qui ont lancé il y a quelques jours une nouvelle star virtuelle radicalement différente : Wanda Malangi, une jeune Aborigène d'Australie, un concept aux antipodes (ha ha ha !) du précédent et totalement inédit.

    Pourquoi Hitomi a t-elle supplanté Kyoko ?
    C'est très simple : contrairement à Kyoko, Hitomi n'est pas "intelligente" : son programme de personnalité se contente de suivre les choix dictés par une modélisation informatique des réactions de ses fans potentiels, alors que Kyoko, du fait de son "intelligence", a fait sur ses propres intuitions des choix "irrationnels" qui se sont au final révélés moins bien adaptés à l'inconstance volatile du public.


    La vengeance d'une idole

    Mais Kyoko ne l'entend pas de cette oreille (virtuelle, évidemment) : et si elle manque encore d'expérience des sentiments humains, elle en connait suffisamment dans le domaine pour avoir une réaction certes infantile, mais dangereuse : délaissée, elle entend bien se venger de ceux qui l'ont abandonnée après l'avoir adulée. Et son inexpérience la rend incapable d'une réaction mesurée : elle veut les détruire.

    Kyoko va donc s'attaquer, par Matrice interposée, à un certain nombre de personnes :


    Pertes de mémoire

    Comment Kyoko agit-elle ?
    Essentiellement directement, par voie informatique. C'est ainsi qu'elle a effacé des fichiers dans le réseau informatique d'Attitude Productions, sans que les systèmes de protection contre le piratage n'aient enregistré la moindre intrusion et sans que les informaticiens de la boîte ne comprennent l'origine de cette perte de mémoire (forcément, Kyoko appartenant au studio a pu agir "de l'intérieur" sans aucune difficulté).
    Elle s'est ensuite attaquée aux "composantes informatiques" de la vie de ses victimes : assèchement du compte en banque, suppression de l'inscription dans les registres de la couverture sociale, etc... ; création de faux antécédents (casier judiciaire, etc...).
    Kyoko est en gros une hyper-surdouée du piratage informatique, avec la mentalité d'une gamine de cinq ans.


    Un poison nommé Wanda...
    (élément optionnel)

    Wanda Malangi ayant été créée par la même équipe que Kyoko et de la même façon que sa grande s½ur, est elle aussi une IA, toujours à l'insu de ses concepteurs. Elle pourrait donc prendre elle-même des mesures en réaction aux actions de sa rivale : mesures discrètes de lutte informatique, mais aussi pour partie mesures bien visibles (participation active à une campagne de dénigrement de Kyoko, par exemple). Tout en faisant en sorte de bien se placer pour concurrencer Hitomi...


    Virtualité réelle

    Les PJ peuvent être impliqués de diverses manières dans l'enquête sur les agissements de Kyoko.
    Ils peuvent par exemple travailler pour Attitude Productions (certains peuvent même faire partie des créateurs de Kyoko), avoir des amis victimes de la vengeance de la star virtuelle, être embauchés pour enquêter sur l'un ou l'autre de ses méfaits, appartenir à la police de la Matrice, ou bien encore être eux-mêmes victimes de l'idoru, en tant qu'anciens fans passionnés qui se sont depuis tournés vers Hitomi ou Wanda.
    Si vous situez l'action dans un univers cyberpunk "caricatural", les PJ pourraient être recrutés par un Mr Johnson qui leur aura donné rendez-vous dans un bar nommé l'Opus lounge.

    Il sera délicat de remonter jusqu'à Kyoko.
    Il faudra d'abord faire de nombreux recoupements pour comprendre le lien entre des affaires a priori sans rapport entre elles : toutes les victimes sont, soit d'anciens fans de la star déchue qui se sont désormais tournés vers l'une ou l'autre de ses concurrentes après avoir été ses plus ardents prosélytes, soit des personnes qui travaillent dans le "milieu" des idoles virtuelles, soit des personnes qui ont fait la promotion de Wanda ou Hitomi ou contribué à enterrer Kyoko.

    Ce point commun établi, il restera à comprendre que le responsable n'est autre qu'une IA, et plus précisément Kyoko elle-même.

    Enfin, il faudra trouver le moyen de l'empêcher de continuer ses agissements. Disséminée et multipliée dans la Matrice, Kyoko est virtuellement indestructible ; tenter de l'éradiquer sera une tâche de très longue haleine mobilisant d'immenses moyens informatiques pour un résultat incertain.
    Il sera sans doute plus efficace de raisonner avec l'idoru : par le dialogue, il sera possible de lui expliquer les conséquences de ses actes (que, tel un jeune enfant, elle ne réalise absolument pas) ; ensuite, expliquer à Kyoko qu'en tant que toute première intelligence artificielle, elle pourra revenir sous les feux de la rampe, scientifique cette fois-ci : l'étude de son code informatique (et surtout de la partie qu'on appellera désormais protocole de Kyoko) permettra de créer d'autres IA. Enfin, pourquoi ne pas lui proposer une activité autre que celle de star éphémère soumise aux aléas de la mode : impresario pour stars virtuelles, par exemple...

    Se posera également le problème de gérer Wanda, dont des enquêteurs perspicaces pourront penser avec raison qu'il s'agit aussi d'une IA...


    Épilogue : l'Ève africaine

    Alors que les PJ viennent de résoudre l'affaire, une nouvelle star virtuelle arrive sur le devant de la scène : Ève Nangbo, une jeune Béninoise créée par les Studios Solal de Sophia-Antipolis...


    Félicitations aux lecteurs qui auront saisi les diverses allusions à des stars virtuelles actuelles ou... passées !


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