Le corniaud


Ébauche de scénario dans les Royaumes Hyboriens (l'univers de Conan), réalisée à l'origine pour le seizième concours de scénarios de la Cour d'Obéron, et présentée ici dans une version mise à jour.
Le thème du concours était mystérieux(se-s) inconnu(e-s), et l'élément imposé, poudre.


Conan a connu plusieurs adaptations en JDR, je vous recommande l'adaptation officielle à GURPS. Mais le système de jeu adopté pour faire jouer ce scénario importe peu ; de toutes façons, je n'ai fourni aucune caractéristique technique.

Ma vision des Royaumes Hyboriens est d'ailleurs globalement basée sur celle du supplément Conan pour GURPS. Il est possible que certains détails diffèrent par exemple dans le Conan D20 de Mongoose, plus facile à trouver de nos jours et peut-être plus pratiqué, mais cela ne devrait pas avoir d'incidence insurmontable sur le scénario.

Le scénario peut se dérouler en Aquilonie, en Némédie ou au royaume d'Ophir (il peut même être très facilement transposé vers de nombreux autres univers med-fan') ; cela n'a pas d'importance, il faut simplement une structure féodale du type de celles rencontrées dans ces royaumes. Le texte est écrit comme si le scénario se passait en Ophir.

Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin...


Vous êtes dans une auberge...

Les PJ voyagent en Ophir, venant de l'est, pour une raison liée à votre campagne. Lors d'une halte (dans une grosse auberge-relais par exemple), ils remarquent un autre groupe de voyageurs, arrivé après eux, constitué d'un petit nombre d'hommes en armes entourant une petite silhouette drapée dans un grand manteau bleu-violet dont la capuche dissimule son visage (un jeune adolescent ou très éventuellement une femme particulièrement petite). Restant dans leur coin, les nouveaux arrivants ne cherchent pas à lier la conversation avec les autres personnes présentes, et les hommes d'armes empêchent quiconque d'accéder à leur mystérieux compagnon.
Après une brève nuit de sommeil, ils repartent les premiers, à une allure soutenue, dans la direction que doivent suivre les PJ.


Ah, elle va marcher beaucoup moins bien, forcément...

Les PJ les suivent, quelques temps plus tard. Dans la matinée, traversant une grande forêt, ils débouchent sur une scène d'horreur : les hommes en armes gisent, morts, visiblement massacrés par une puissante créature. La petite personne au manteau n'est visible nulle part. À quelque distance de là, on entend de sourds rugissements.
Si les PJ ne s'intéressent pas à l'origine des rugissements, le scénar est probablement fini pour eux (mais un MJ plein de ressources se débrouillera sans doute pour le remettre sur ses rails : par exemple, l'un des hommes d'armes aurait pu réussir à prendre la fuite en emmenant l'encapuchonné, mais, blessé, il serait mort à quelque distance de là, sur la route que suivent les PJ, et notre mystérieux inconnu reste désemparé à côté de son cadavre...). Par contre, s'ils vont voir ce qui se passe, ils découvrent le monstre (une sorte de lézard cornu bipède, vaguement humanoïde et haut de quatre mètres) essayant d'introduire l'une de ses pattes avant à l'intérieur du tronc creux d'un arbre mort, tandis que sa queue bat les broussailles alentour à un rythme trahissant l'énervement.
Si les PJ interviennent et font fuir ou éliminent la créature (qui s'avère être un adversaire redoutable, comme le laissaient craindre les corps précédemment découverts...), ils peuvent découvrir, blotti, tremblant, à l'intérieur de l'arbre, un garçon d'une dizaine d'années portant un manteau bleu-violet. S'ils évitent les mouvements brusques, les grands bruits, et font preuve de patience, de gentillesse et de persuasion, ils arriveront à le faire sortir de son refuge. L'enfant se jette alors dans les bras du PJ qui a su lui inspirer confiance et éclate en sanglots.


C'est pas grave ? Vous en avez de bonnes ! Qu'est-ce que je vais devenir moi ?

Les PJ vont probablement tenter de le réconforter, et d'en apprendre un peu sur lui. Mais il n'y a rien à en tirer d'autre que son prénom pour l'instant, il a été drogué (au moyen d'une poudre fabriquée à partir de racine de lotus vineux) pour être docile et craintif durant le voyage et il faudra quelques temps avant que les effets ne s'estompent.
Tirésius est le fils bâtard (écarté à la naissance, envoyé au loin (au royaume de Corynthe) dans une famille adoptive de roturiers (des patriciens assez aisés, toutefois, les Fabricius), et ignorant tout de ses propres origines) d'un comte ophirien, Lucandius de Phalinthe, actuellement à l'agonie suite à une grave chute de cheval. Ses vassaux se sont divisés en plusieurs factions : les uns sont disposés à voir la fille (et seul enfant légitime) du seigneur (Velaria, âgée de dix-huit ans, intelligente, mûre et énergique, et qui, pour peu qu'elle soit bien conseillée, devrait se montrer à la hauteur de la tâche) lui succéder ; d'autres (redoutant une perte d'influence avec l'accès au pouvoir de Velaria et/ou misogynes n'admettant pas qu'une femme puisse ceindre la couronne de Phalinthe) ont échafaudé le projet de faire reconnaître le bâtard comme l'héritier légitime, et à se partager en fait le pouvoir en tirant dans l'ombre les ficelles derrière le trône.


Un mystérieux enfant

Quand Tirésius ne sera plus sous l'effet de la drogue, il pourra expliquer que les hommes d'armes sont venus le chercher chez "ses parents" (il ne sait rien de ses origines et est convaincu que les Fabricius sont ses vrais parents), qui ont accepté de le laisser partir pour "un voyage important". Il n'en sait pas plus, les conjurés n'ont pas jugé utile de lui révéler le secret de ses origines avant de l'avoir amené sur place ; mais il n'aspire qu'à une chose, retourner chez "ses parents".

Seulement voilà, pour l'instant les PJ ont leurs propres impératifs et ne peuvent se permettre de revenir sur leurs pas pour raccompagner un gamin. Il est donc probable qu'ils l'emmènent avec eux, comptant, soit laisser ensuite à quelqu'un de confiance le soin de le rapatrier, soit le ramener eux-mêmes une fois leurs propres affaires réglées.

Approchant du comté de Phalinthe, les PJ peuvent avoir la surprise de constater que le profil de leur jeune compagnon figure, en une version plus mûre, sur des pièces de monnaie qui y ont été frappées.


He ist en danger !

Les barons loyalistes savent que le bâtard doit arriver, escorté par un petit groupe d'hommes d'armes. Reconnaissant l'enfant à ses traits ressemblant de façon assez saisissante à ceux de son père, ils vont prendre les PJ pour le groupe en question. Ils vont donc d'abord tenter de leur enlever Tirésius, puis, en désespoir de cause, de tuer celui sans lequel la machination des conjurés ne pourra plus aboutir.


Verstehen Sie "danger" ?

Les barons conjurés quant à eux ne vont pas comprendre que les PJ (qu'ils prennent tout d'abord pour les sbires recrutés pour leur apporter Tirésius) n'amènent pas le bâtard à l'endroit prévu, et vont donc penser qu'une autre faction essaie de les doubler, croire que c'est confirmé quand ils se rendront compte que l'escorte de l'enfant n'est pas menée par leur homme de confiance, et tenter de leur reprendre Tirésius.


Si vous nicht intervenieren, Tirésius kaputt !

Les PJ, qui à ce stade là devraient au moins avoir compris qui est réellement l'enfant, sont libres de leurs choix : ils peuvent remettre Tirésius à l'une ou l'autre des factions, voire le planter là et continuer leur route, rebrousser chemin pour le ramener chez ses parents adoptifs, ou même décider de l'emmener auprès de son père (sans doute l'endroit où il sera le plus en sécurité, car si le comte mourant n'a aucunement l'intention de le reconnaître comme l'héritier légitime de son trône, ni lui ni Velaria n'ont l'intention de lui nuire).
Mais évidemment, un loyaliste un peu plus ardent que les autres pourrait alors estimer qu'il est plus sage de supprimer le bâtard avant que les conjurés ne tentent de s'en emparer. Car sans égard pour l'agonisant, les manigances et complots de cour vont aller bon train au château. Et finalement, Tirésius aura sans doute encore grand besoin de la protection des PJ, qui pourraient préférer l'emmener avec eux plutôt que le laisser sans défense fiable...


Épilogue

Une fois Lucandius mort (ce qui pourra prendre encore quelques semaines (et coïncider par exemple avec la fin des affaires que les PJ étaient venus traiter à Ophir)) sans avoir reconnu Tirésius, et Velaria installée sur le trône, les remous politiques se calmeront. Mais Tirésius, s'il est encore vivant, sera peut-être déjà reparti pour Corynthe...

Mais sera t-il en sécurité là-bas ? Car après tout, les Fabricius ont accepté bien facilement de le remettre à l'émissaire des conjurés... Des PJ sentimentaux pourraient s'être attachés à l'enfant et estimer que, s'il retourne à Corynthe, il risquera d'être à nouveau le jouet (voire la victime) de manigances politiques qui le dépassent, et préférer l'emmener avec eux. Gageons que Tirésius préfèrerait retourner auprès de ceux qu'il considère toujours comme ses parents, mais depuis quand un enfant a t-il son mot à dire dans les décisions des adultes ?

En tous cas, si les PJ sont issus de cultures moins civilisées que les royaumes féodaux de l'ouest, nul doute que cet aperçu de ce qu'est la politique de ces pays ne leur fasse préférer et de loin leurs steppes, jungles ou montagnes natales...


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