La colonne infernale


Ébauche de scénario pour Space 1890, réalisée à l'origine pour le vingt-cinquième concours de scénarios de la Cour d'Obéron, et présentée ici dans une version mise à jour.
Le thème du concours était une expédition lointaine, et l'élément imposé, la paix.

Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin...


Nous sommes en 1892. Les relations franco-anglaises évoluent nettement vers une entente de plus en plus cordiale, que chacun a à c½ur de préserver. Il y a certes des rivalités coloniales, principalement en Afrique et sur Mars, mais les sphères d'influence respectives sur la planète rouge sont à peu près définies depuis un traité de 1890 entre les deux États, et chacun reste de son côté de la limite, fixée sur le méridien 90 ° Est.
C'est la raison pour laquelle, quand arrivera aux oreilles du gouvernement français la nouvelle qu'une de ses colonnes militaires, lancée dans d'importantes conquêtes territoriales martiennes, s'est mise à tailler gaillardement dans le domaine attribué aux Anglais, ordre sera donné de la stopper avant qu'elle ne provoque un grave incident diplomatique et ne compromette la paix. En prenant officiellement pour prétexte les exactions commises sur les populations locales.
Ce scénario est ouvertement inspiré de l'équipée sauvage de la tristement célèbre mission Voulet-Chanoine.


Introduction

Les PJ se trouvent sur Mars, à Syrte, chef-lieu de la colonie française. L'idéal serait qu'ils appartiennent aux troupes françaises, et que l'un d'eux au moins soit un officier ayant atteint (voire dépassé) le grade de commandant. Si tous les PJ ne sont pas militaires, les civils pourront être incorporés au corps expéditionnaire pour des raisons diverses (en tant que guide, interprète, ancien militaire rappelé sous les drapeaux, etc...). En l'absence d'un officier de grade suffisamment élevé, la tête dudit corps expéditionnaire peut éventuellement être confiée à un PNJ (un vieux colonel blanchi sous le harnois, à la droiture et au comportement irréprochables), mais une telle solution privera les joueurs de la prise d'un certain nombre de décisions. Le scénario sera plus délicat à adapter si aucun des PJ n'est officier français, car ils n'auront alors absolument aucun pouvoir décisionnaire pendant l'essentiel de l'histoire.
Dans ce qui suit, nous partirons du principe que les PJ sont officiers et que l'un d'eux ("le Commandant") est au moins commandant.

Le Commandant, en garnison à Syrte, est convoqué en urgence auprès du gouverneur général. Ce dernier lui donne l'ordre de prendre la tête d'un corps expéditionnaire et de se lancer à la poursuite de la colonne Noirot-Roussel, afin de la stopper, d'en faire prisonniers les chefs (les capitaines Adrien Noirot et Alphonse Roussel) et de les ramener à Syrte.
Le Commandant sera probablement perplexe devant le motif de sa mission : les exactions envers les populations indigènes, y compris les massacres, étaient monnaie courante à l'époque et ne choquaient pas particulièrement, ni leurs auteurs, ni l'opinion publique française (les populations victimes quant à elles n'avaient pas voix au chapitre). Selon ses origines, son grade et sa situation particulière, le gouverneur général lui expliquera ou non, à mots plus ou moins couverts, les véritables raisons pour lesquelles Noirot et Roussel doivent être stoppés. Mais quoi qu'il en soit, un ordre est un ordre, et la mission est urgente.

Il faudra quelques jours grand maximum au Commandant (à qui sera constamment rappelé l'urgence de sa mission) pour mettre sur pied et équiper son petit corps expéditionnaire, constitué d'un petit cadre d'officiers français, d'une poignée de sous-officiers (dont quelques-uns seulement sont français), et de quelques dizaines de tirailleurs martiens. Seuls les Français sont montés (à dos de gashant), le reste de la troupe va à pied ; ou plus précisément, ira à pied lorsqu'il faudra débarquer : car le voyage se faisant le long du réseau de canaux, tout ce petit monde prend place à bord de bateaux.


La colonne Noirot-Roussel

Partie de Syrte six mois auparavant, la colonne Noirot-Roussel, constituée d'une dizaine de cadres français (officiers et quelques sous-officiers), d'une centaine de tirailleurs martiens, de quelques kragons, et d'un grand nombre (plusieurs centaines) de porteurs et d'interprètes, pour un total d'environ mille personnes sous la direction du capitaine Noirot assisté du capitaine Roussel, s'est dirigée vers le nord, en suivant d'abord le canal de Triton, puis celui de Thoth, avec pour mission de capturer le chef de guerre Tarnkar, dont les guerriers nomades (Martiens des terres sèches) venus de l'est, par leurs déprédations incessantes, mettent en péril les échanges entre Syrte et le nord de la colonie française.

En réalité, Tarnkar est bien plus qu'un simple chef de guerre, c'est un seigneur à la tête d'un authentique royaume, dont il se trouve que l'expansion territoriale actuelle empiète sur les mêmes territoires que les Français ; ces derniers ont tout d'abord cherché en vain une solution diplomatique, mais leur adversaire refusant de se soumettre et d'accepter de devenir un simple vassal de la France, le conflit armé était inévitable. Trois autres colonnes ont été lancées à peu près en même temps à la poursuite de Tarnkar, partant de Syrte vers le nord par les canaux d'Amenthes, de Galaesus nord et de Lethes ; pour chacune des quatre colonnes, l'objectif affiché est la capture du seigneur martien et la fin des ravages causés par ses troupes, mais la République compte bien en profiter pour étendre au passage son empire sur la planète rouge.

S'approvisionnant en pillant (le terme officiel est réquisition) les villes et villages martiens traversés, la colonne Noirot-Roussel atteignit la ville de Lakkmir, environ 2000 km au nord de Syrte. La cité ayant résisté, les troupes de Noirot et Roussel la prirent d'assaut, parvenant à ouvrir des brèches dans les remparts avec leur artillerie, massacrèrent toute la population, rasèrent les constructions les plus récentes (les bâtiments les plus anciens, immenses et partiellement en ruines, auraient nécessité des moyens lourds) et plantèrent le drapeau tricolore au c½ur de l'ancienne Cité Royale (où ils laissèrent une petite garnison pour tenir la ville au nom de la France).
Noirot et Roussel poursuivirent ensuite leur route vers le nord-ouest, suivant Thoth et atteignant le canal de Boreosyrtis. Or, cette course folle leur fit franchir le méridien 90 ° Est. Même si les régions traversées ne sont encore occupées par aucun des deux pays, cette intrusion armée risque d'avoir pour conséquence un grave incident diplomatique ; d'où l'envoi des PJ pour arrêter les dégâts.

Adrien Noirot : à 32 ans, le capitaine Noirot, anglophobe convaincu, est un idéaliste qui veut apporter à son pays la France un grand empire martien. Au fur et à mesure de l'équipée de sa colonne, les pillages et exactions commises par ses troupes vont ébranler sa santé mentale, et il va de plus en plus se voir en conquérant, en césar de cet empire qu'il est en train de tailler à la pointe de son sabre. Il est peu probable que les PJ puissent le ramener vivant : il préfèrera mourir pour défendre son rêve, l'arme au poing.

Alphonse Roussel : âgé de 31 ans, le capitaine Roussel, fils de bonne famille bien élevé, beau et svelte, est un sadique. C'est à son incitation que les réquisitions se sont transformées en pillages, puis que ceux-ci sont devenus de plus en plus violents, avec massacre des populations civiles (y compris femmes et enfants) lorsque celles-ci refusaient de coopérer, puis simplement lorsqu'on estimait qu'elles coopéraient de mauvaise grâce. Roussel est un psychopathe incurable, qui finira par se suicider (ce sera du moins la version officielle) si les PJ le ramènent vivant à Syrte.


Sur la piste sanglante

Une fois son corps expéditionnaire assemblé à la hâte et embarqué à bord d'un ou plusieurs bateaux (probablement des barges à fond plat, qui seront halées par des attelages de ruumet breehrs, ne pouvant guère compter sur leur éventuelle voilure pour remonter le courant), le Commandant peut se lancer à la poursuite de la colonne Noirot-Roussel. Le plus court sera de quitter Syrte par le canal d'Amenthes, qui relie directement la capitale à Lakkmir ; cet itinéraire fera gagner du temps aux PJ, mais jusqu'à Lakkmir ils ne rencontreront personne n'ayant croisé la route de la colonne infernale. Quant à la colonne Zimmermann-Le Gall, partie par ce canal en même temps que Noirot et Roussel, elle a bifurqué vers l'est par le double canal d'Hephaestus, à la recherche de Tarnkar, et le corps expéditionnaire ne la rencontrera pas.

Comme toutes les cités martiennes, Lakkmir était principalement constituée de ruines même avant le passage de la colonne Noirot-Roussel. Les déprédations de cette dernière ne sauteront donc pas aux yeux des PJ. La ville est quasiment déserte, si l'on excepte le poste militaire français, situé au croisement des canaux et bien visible avec son pavillon tricolore qui claque au vent, et quelques groupes d'autochtones ayant échappé au massacre (ou revenus plus tard) et vivant discrètement dans les ruines. Les champs sont mal entretenus.
La petite garnison se compose d'une trentaine de tirailleurs martiens, de quelques civils (affectés à des tâches ménagères et/ou "épouses indigènes") et d'un unique Terrien, le sous-lieutenant Michel D'Aubertville, un jeune officier qui a sauté sur l'occasion pour quitter la colonne infernale après avoir assisté aux exactions commises jusqu'à Lakkmir. Certes, il rêve d'exploits sous l'uniforme et de conquêtes pour la grandeur de la France, mais la guerre pour lui ne se fait pas contre les populations civiles... Après avoir osé faire une remarque en ce sens à ses supérieurs, ceux-ci ont été trop contents de trouver un prétexte pour laisser ce gêneur derrière eux. Par contre, son sens de la discipline fera qu'il ne les dénigrera pas auprès des PJ, se contentant d'évoquer très superficiellement les exactions, et encore, uniquement s'il est pressé sur ce point par ses interlocuteurs.
D'Aubertville et ses hommes n'ont que peu de relations avec les habitants de Lakkmir, qui les évitent (les ruines sont suffisamment vastes pour ça), ce que le sous-lieutenant déplore, car il est convaincu de la mission civilisatrice de la France. Le poste est installé dans un petit groupe de bâtiments qui faisaient autrefois (du temps de la grandeur de l'Empire des Canaux) partie du port de Lakkmir. Ils sont solides et assez faciles à défendre en cas d'attaque, mais ne résisteraient sans doute pas à une attaque massive de l'armée de Tarnkar. Les quelques messagers (de plus en plus espacés) envoyés vers Syrte par la colonne Noirot-Roussel ont transité par ici, et D'Aubertville peut renseigner les PJ sur l'avancée de ses anciens compagnons avec plus de détails que n'en comportaient les rapports officiels.

Si les PJ parviennent à nouer le dialogue avec des Lakkmiriens civils, ils pourront, si la confiance est suffisamment établie, se faire raconter leur version du massacre commis suite à la prise de la ville : "Guerriers, vieillards, femmes, enfants... Tous ont été passés au fil de l'épée. Les canaux étaient noirs de sang."

Après Lakkmir, le corps expéditionnaire suivra le tronçon nord du canal de Thoth (qui pour les Anglais est le tronçon sud du canal boréosyrtien).
Le massacre de Lakkmir a fait sauter un verrou comportemental ("éthique") chez les membres de la colonne Noirot-Roussel, et les exactions sont devenues de plus en plus graves ensuite. Les PJ sont encore plusieurs mois derrière elle, mais les traces demeurent : villages entièrement détruits, champs ravagés, canaux d'irrigation bouchés à l'explosif, corps entassés, parfois brûlés, restes de pendus se balançant aux branches des rares arbres, en partie dévorés par les charognards... Il y a de quoi retourner le c½ur des guerriers les plus endurcis. Le MJ devra montrer l'escalade dans l'horreur, en évitant si possible de tomber dans le mauvais goût.
Les troupes des PJ deviennent vraiment désireuses de rattraper la colonne infernale afin de faire cesser ces horreurs. Tôt ou tard, elles demandent à débarquer et à continuer l'expédition à pied, considérant (sans doute à juste titre) qu'elles iront ainsi plus vite qu'en se traînant à bord d'une barge halée au pas lent des ruumet breehrs.
Si le Commandant se rend à leurs arguments, le corps expéditionnaire avancera effectivement plus vite ; mais les barges transportaient aussi du ravitaillement... Et il va être délicat de se nourrir sur le pays après le passage de la colonne infernale : les champs ont été détruits et les survivants, lorsqu'il y en a, ne sont guère disposés à apporter leur aide (mais, traumatisés comme ils l'ont été, ils n'oseront sans doute pas opposer de résistance, à moins d'être armés et plus nombreux que les troupes des PJ, ce qui ne peut se faire qu'avec le renfort de nomades des terres sèches, mais pourrait fort bien arriver à l'occasion).


Adsigaa

La ville d'Adsigaa est située sur le 90ème méridien Est, à la limite entre les zones d'influence française et anglaise. Son sort n'a pas été précisé sur le traité, mais Noirot et Roussel ne se sont pas posé de questions. Après un premier siège infructueux, leur colonne a continué sa course folle le long du canal boréosyrtien (au delà d'Adsigaa, Français et Anglais sont d'accord sur son nom), puis, après quelques semaines (ou mois, selon la rapidité des PJ), ayant coupé à travers le désert, elle est revenue par le canal d'Asclepius, a à nouveau assiégé la ville pendant un certain temps et fini par s'en emparer il y a quelques jours, les quelques pièces d'artillerie et les mitrailleuses faisant à nouveau la différence.
Les restes des massacres sont encore clairement identifiables, et avec la chaleur martienne et celle des incendies (certaines piles de gravats fument encore), l'odeur de la mort est prégnante, obsédante. Certains des tirailleurs accompagnant les PJ poussent de longues lamentations, d'autres ne peuvent s'empêcher de vomir.
En explorant les ruines, les PJ peuvent découvrir une zone de terre fraîchement remuée, surmontée d'une macabre pyramide de têtes martiennes coupées. Il pourrait s'agir d'une tombe. Si le sol est fouillé à cet endroit, l'hypothèse est confirmée : il s'y trouve un linceul couvrant le corps d'un blanc en uniforme de lieutenant français, que ses effets personnels permettent d'identifier comme étant le lieutenant Jules Chauvoin, l'un des officiers de la colonne Noirot-Roussel.
D'autres sépultures plus sommaires peuvent également être découvertes, à l'écart de celle-ci ; elles contiennent les corps des tirailleurs de la colonne ayant péri pendant les combats.
Le drapeau tricolore a été planté au sommet d'un des bâtiments près du croisement des canaux. Bien qu'Adsigaa n'ait été attribuée à aucune des deux puissances coloniales dans le traité de 1890, et qu'on puisse donc partir du principe que "premier arrivé, premier servi", certains PJ pourraient, plutôt que de créer un motif supplémentaire de tension internationale, préférer le décrocher (ou le faire décrocher par un subordonné, car il y a une belle escalade à faire, à la merci du descellement d'une des pierres de la façade).


Tarnkar

Au-delà d'Adsigaa, les traces de la colonne infernale sont visibles dans trois directions : le long du canal boréosyrtien (qu'elle a suivi après le premier siège, infructueux), le long du canal d'Asclepius (par où elle est revenue s'emparer de la ville) et le long du canal de Calidius (vers l'est, et donc retournant en zone française) : c'est par là qu'elle est repartie. Mais les PJ pourraient hésiter quant à la direction à suivre...
S'ils continuent le long de Boreosyrtis, ils se rendront rapidement compte que les massacres dont ils trouvent les traces sont plus anciens que celui d'Adsigaa.
Du côté d'Asclepius, on trouve la trace récente des campements et les emplacements des canons : les PJ devraient supposer que c'est par là que Noirot et Roussel sont entrés dans la ville, d'autant que les brèches dans ce qui reste des murailles confirment cette hypothèse. S'ils décident de suivre quand même ce canal, l'ancienneté des massacres découverts leur indiquera qu'ils font là encore fausse route.
Reste donc la piste calidienne...

Le corps expéditionnaire n'a que quelques jours de retard sur la colonne Noirot-Roussel, une semaine tout au plus ; en progressant à marches forcées, il devrait la rattraper assez rapidement. C'est en tous cas le moment d'abandonner les embarcations, si cela n'avait pas été fait plus tôt.
Le Commandant décidera peut-être d'envoyer en avant quelques éclaireurs, pour repérer la colonne infernale et le renseigner sur ses faits et gestes.

Lorsque la jonction va devenir imminente, ces éclaireurs rapporteront que la colonne Noirot-Roussel a engagé le combat avec un fort parti de Martiens des terres sèches. Les détonations des canons parviennent d'ailleurs aux oreilles des PJ, et lorsqu'ils seront encore plus près, ils entendront aussi celles des fusils.
Il s'agit de l'armée de Tarnkar, qui, après avoir finalement eu vent lui aussi des exactions de la colonne infernale, s'est porté à sa rencontre. Les Martiens, qui ont l'avantage du nombre et celui de la mobilité (ils sont à dos de gashants) ont acculé la colonne le long de la rive nord du canal de Calidius et tentent de la repousser à l'eau. Mais leur armement est moins efficace, et ils n'ont pas d'artillerie : la situation est donc moins déséquilibrée qu'il n'y parait.
La colonne infernale est constituée d'environ 600 personnes et armée d'une centaine de Lebel, de six mitrailleuses Hotchkiss et de quatre canons de montagne de 80. En face d'elle, l'armée de Tarnkar comporte environ trois mille hommes, mais ils sont principalement armés de mousquets, et d'une poignée de fusils pris lors d'escarmouches avec des troupes françaises. Le terrain, en pente douce vers le canal, n'offre guère d'abri, et c'est l'hécatombe d'un côté comme de l'autre. Certains porteurs de la colonne dégringolent au bas de la digue et tentent de s'enfuir le long du canal, ou de le traverser à la nage.
Si les PJ n'interviennent pas, la bataille finit par tourner à l'avantage des tirailleurs : réduits à environ 200 cavaliers, les Martiens des terres sèches tournent bride et s'enfuient, sous le feu nourri de leurs adversaires.
Il est fort probable que les PJ qui assistent à la scène aient reconnu Tarnkar, dont la description était dans tous les journaux syrtiens et jusqu'en métropole. Ils voudront donc sans doute intervenir, soit en tentant de l'abattre de loin grâce à un tireur d'élite, soit en se lançant à sa poursuite pour le capturer. Une poursuite à pied dans la steppe est certainement vouée à l'échec, mais si le corps expéditionnaire avait emporté des gashants, peut-être les persos pourront ils s'illustrer.
Tarnkar est un chef de guerre dont les valeurs et le comportement n'ont rien à envier à celles d'un Européen "civilisé". Toutefois, si la poursuite devait tourner de telle sorte qu'il capture un ou plusieurs PJ, il pensera certainement qu'ils appartiennent à la colonne infernale et les fera mettre à mort. Seul un personnage suffisamment éloquent et capable de s'exprimer dans une langue martienne pourrait éventuellement le faire changer d'avis.


Face-à-face

Restent donc en principe sur le champ de bataille une cinquantaine de tirailleurs martiens, une poignée d'officiers français (dont les deux capitaines Noirot et Roussel) et quelques dizaines de porteurs seulement. À noter que le médecin-major, le docteur Paul Faivre, fait partie des morts ; parmi ses effets personnels se trouve son carnet de voyage qui contient un récit détaillé de l'équipée sauvage de la colonne Noirot-Roussel, récit qui pourra éventuellement servir de pièce à conviction si les deux hommes sont jugés un jour. Faivre y indique par ailleurs que Noirot souffrait selon lui d'une fièvre ondulante qui entravait ses facultés de discernement, à laquelle il donne le nom de syrtite, et contre laquelle son patient refusait d'être traité.
Les tirailleurs se mettent rapidement à la macabre tâche consistant à décapiter les cadavres de leurs ennemis et à empiler les têtes. D'autres mutilations sont pratiquées sur les morts, et les PJ peuvent repérer un Martien qui, à l'aide d'un long couteau, prélève les muscles fessiers de certains corps. Ils peuvent, à raison, se douter qu'il s'agit là d'un comportement cannibale ; s'ils laissent faire, ils constateront que ces morceaux seront mis à rôtir pour le prochain repas, et que les blancs ne seront pas les derniers à faire honneur au plat.

Si le Commandant est présent, une fois Tarnkar mis en déroute, c'est sans doute le bon moment pour aborder le capitaine Noirot, soit en personne, soit en lui envoyant un émissaire avec une lettre lui expliquant la situation et le relevant de son commandement.
Si le corps expéditionnaire est commandé par un colonel PNJ, il enverra tout d'abord un émissaire (l'un des PJ), qui se verra répondre par Noirot, après lecture de la lettre, qu'il conservera le commandement de sa colonne, qu'il dispose d'une centaine d'hommes armés, et que toute tentative pour l'approcher sera considérée comme un acte de guerre et repoussée par la force. Ébahi devant une telle démonstration d'insubordination, le colonel se rendra lui-même, en grand uniforme, médailles sur la poitrine, auprès de Noirot, qui s'écriera qu'on vient lui voler "son empire" et donnera l'ordre à ses troupes de faire feu. Le colonel sera abattu comme à un stand de tir ; le commandement du corps expéditionnaire reviendra alors au PJ le plus gradé.
S'il y a un Commandant PJ, le MJ devra lui laisser une chance de battre en retraite avant de se faire tuer (Noirot fera d'abord tirer une première salve d'intimidation).
Quelle que soit la méthode utilisée, le capitaine Noirot refusera d'obéir et ne pourra donc être pris que par la force. Cependant, le rapport de forces actuel est défavorable aux PJ, dont les troupes sont moins nombreuses et dépourvues d'artillerie (et peut-être aussi de mitrailleuses)...


Dos au mur

Pour réussir leur mission, les PJ devront donc compter sur autre chose que la simple puissance de feu de leurs tirailleurs martiens. Voici quelques-unes des solutions qu'ils peuvent mettre en ½uvre :


Épilogue

Une fois Noirot et Roussel capturés ou tués, la colonne infernale sombrera dans le chaos, les Martiens n'ayant plus comme principale préoccupation que de regagner Syrte, et les Français survivants n'ayant pas l'aura nécessaire pour commander à une telle troupe dans ces conditions. Les PJ pourront, soit incorporer tout ce petit monde dans les rangs de leur corps expéditionnaire rentrant à Syrte, soit laisser s'égayer les indigènes et se contenter de récupérer les blancs.
Si Noirot et Roussel sont encore en vie, ils passeront en cour martiale, seront radiés de l'armée, condamnés au bagne et envoyés à Tessen Kedraa. S'ils sont morts, la thèse de la folie provoquée par la syrtite sera retenue. En aucun cas leurs subordonnés ne seront inquiétés.


Et si la colonne infernale détecte ses poursuivants avant la bataille contre Tarnkar ?

Dans ce cas, Noirot et Roussel, qui se doutent de la raison qui amène les PJ, choisiront un emplacement offrant un avantage défensif et feront s'y installer leurs troupes en attendant l'arrivée du corps expéditionnaire. La confrontation entre Noirot et le Commandant aura lieu à ce moment là.
Selon la disposition des deux corps au moment de son arrivée, l'armée de Tarnkar attaquera peut-être la colonne comme les troupes des PJ, sans réaliser qu'il s'agit de deux forces distinctes et opposées. Les PJ pourraient alors coopérer avec Noirot et Roussel pour capturer Tarnkar. Mais cette coopération ne durera pas, et les deux capitaines, non contents de s'attribuer le mérite de la capture, feront exécuter le prisonnier.


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